http://www.nimispauci.com/OGR/OGR.htm

http://www.janus-labd.com/frp/janus_histoire.htm

La naissance de Rome :
Énée, fils d'une attention de la déesse Vénus au troyen Anchise, coule des jours heureux dans le palais de son beau-père avec son épouse Créuse fille de Priam et son fils Ascagne (ou Iule).
Hélas, l'aventure de son beau-frère Paris avec sa belle Hélène ayant mal tourné, Troie est détruite, Créuse meurt et il s'enfuit sur la mer avec son père, son fils et les Troyens qui ont échappé au massacre.
Après maintes péripéties (ah Didon !) dont les échos sont chantés par Virgile, "
fato profugus", il arrive sur les bords du Tibre, vainc Turnus roi des Rutules, épouse Lavinia fille du roi Latinus descendant du dieu Saturne,  fonde en son honneur la ville de Lavinium et donne à son peuple le nom de Latin. Il meurt après quelques nouveaux exploits et Ascagne fonde Albe-la-longue qui devient la capitale du Latium.

Quelques générations plus tard un de ses descendants, Numitor fils de Proca,  renversé par son frère Amulius, voit son fils assassiné et sa fille Rhéa Silvia vouée à la déesse Vesta et au célibat.
Après une visite particulière du dieu Mars, la vestale devient mère de deux jumeaux, Romulus et Rémus, qui sont livrés aux flots furieux du Tibre par le roi non moins furieux.
Les eaux déposent les enfants au pied du mont Palatin sous un figuier mais, trop petits, ils sont d'abord nourris par une louve sauvage puis par l'épouse de Faustulus, intendant royal ou berger.


Le septimontium
La ville aux Sept Collines (plus une)
Aventin (46 m) - Caelius (48 m) - Capitole (49 m)
Esquilin (58 m) - Janicule (85 m) - Palatin (51 m)
Quirinal (69 m) - Viminal (54 m)

Dix huit années plus tard, les deux frères se mettent au service de Numitor. Le trône restitué à leur grand-père maternel et l'oncle-usurpateur massacré, ils se rendent, avec leurs supporters, sur le Mont Palatin pour fonder leur propre ville.
Les oiseaux et les dieux l'ayant choisi pour roi, Romulus laboure l'emplacement des murs. Rémus, jaloux et sacrilège, se fait casser la tête pour un pas de trop.
Rome et l'an -753 viennent de commencer.


Néanmoins, les jumeaux n'apparaîtront sous la louve qu'au XVème siècle.

La Rome royale (les sept rois de Rome 753-509) :
Romulus (753-715) fait de sa ville un asile pour hors-la-loi. Manquant d'affection, ceux-ci enlevent les Sabines qui, à l'inverse de la malheureuse Tarpéia et faisant contre infortune bon coeur, contribuent à la fusion des deux peuples. Un orage élève Romulus au rang des dieux.
Numa Pompilius (715-672), gendre du roi sabin Tatius, inspiré par sa nymphe Égérie organise la vie religieuse (temple de Vesta, temple de Janus, année de 12 mois ... ). À sa mort, Diane le transforme en fontaine.

Tullus Hostilius (672-640), sabin lui aussi, mène la lutte contre Albe. Au prix d'une ruse moyennement loyale légitimée par un retentissant "qu'il mourût" Horace parvient à se débarrasser des Curiaces et de sa soeur Camille. Albe est rasée et ses habitants déportés à Rome. Après quoi Tullus Hostilius fait construire quelques temples jusqu'à ce que Jupiter excédé jette la foudre sur sa maison.

 Ancus Martius (640-616), neveu de Numa Pompilius est sabin lui aussi. Il étend Rome jusqu'au Janicule en jetant le pont Sublicius sur le Tibre et au delà de la mer en créant le port d'Ostie. Il brise la résistance des Latins, les déporte sur le mont Aventin ou les enferme dans la prison du Tullianum au flanc du Capitole.
Tarquinius Priscus (616-578) , Tarquin l'Ancien, étrusque et fils d'immigré corinthien, est tuteur des enfants d'Ancus Martius. Poussé par sa femme Tanaquil il s'empare du trône et rend possible l'aménagement de la plaine entre les collines (Vélabre) en faisant construire le Cloaca Maxima, le Forum Romanum, le Circus Maximus, ... Il domine les Latins, les Sabins et les Étrusques mais ne peut échapper à la vengeance des fils d'Ancus Martius. Tanaquil réapparaît pour donner le pouvoir à son gendre !
Servius Tullius (578-534), fils d'esclave !, établit la division administrative du territoire en quartiers ou régions et la répartition de la population en classes pour faciliter le recrutement de l'armée. Il fait construire la grande enceinte de 11,500 km qui entoure la ville et meurt victime d'un complot organisé par sa fille et son gendre.

Tarquinius Superbus (534-509), Tarquin le Superbe, abolit la constitution mais achève les grands travaux de Servius Tullius et fait construire le temple de Jupiter Capitolin. Son fils Sextus force Lucrèce, femme de Tarquin Collatin. Le viol de Lucrèce et son suicide provoquent la révolte du peuple romain conduit par le veuf et Junius Brutus. Le roi est chassé en Étrurie.

La République (509-27) :
La République romaine ("res publica") repose sur l'équilibre théorique de trois pouvoirs : deux magistrats (consuls) nommés chaque année par les comices populaires gouvernent sous la tutelle du sénat. Les temps héroïques tracés par Tite-Live) sont dominés par :
- les luttes intestines entre patriciens et plébeiens (sécession de la plèbe sur le Mont Sacré, Ménélius Agrippa et la fable des Membres et de l'Estomac) jusqu'à l'égalité civile reconnue par la Loi des XII tables (450),

- les guerres de conquête contre les Étrusques (le roi Porsenna, la main de Mucius Scaevola, l'oeil d'Horatius Coclès, l'honneur de Clélie), la ligue des Latins, les Volsques (la vengeance de Gnaeus Marcius Coriolanus),  les Èques (la charrue de Lucius Quinctius Cincinnatus), Véies (le dictateur Marcus Furius Camillus), les Gaulois (Brennus et les oies du Capitole), les Samnites (les Fourches-Caudines !),  Pyrrhus, Carthage, ... jusqu'à l'Empire, la "pax romana" et la revanche des barbares.

Les monuments de la Rome antique : (Cliquez sur l'image pour une vue plus générale)
Rome vers 350 ap.J.C. - Museo della Civiltà Romana - Rome
1 - Circus Maximus - 2 - Colisée - 3 - Forum Romanum, Curie (Sénat) et Basilica Julia - 4 - Temple de Jupiter Capitolin et Roche Tarpéienne - 5 - Aqueduc de Néron vers le Palatin - 6 - Aqueduc de Caracalla vers l'Aventin - 7 - Forum de Trajan et Temple de Mars - 8 - Temple de Vénus et de Rome - 9 - Basilique de Maxence - a - Temple de Claude - b - Arc de triomphe de Constantin - c - Palais de Septime Sévère - d - Temple de Jupiter Victor - e - Théatre de Marcellus

N. B. : Les faits relatés ci-dessus n'engagent pas la responsabilité de l'auteur.
S'adresser à Publius Vergilius Maro "Æneis" et Titus Livius "Ab urbe condita libri" pour toute rectification.

 

 

 

Histoire et mythologie

Ronald Sandhurst nous parle, en marge de sa dernière acquisition (un sublime masque a deux faces découvert à Délos), du dieu romain Janus.

Carte de Delos

Janus est une divinité romaine sur les origines de laquelle les mythologues s’interrogent. Les uns le pensent d’origine scythes tandis que les autres le croient originaire d’une peuplade de Thessalie ; les Perrhèbes. La dernière hypothèse en fait le fils d’Apollon et de Créuse, fille d’Erechtée, roi d’Athènes.

Devenu grand, Janus aurait équipé une flotte qui se serait emparé d’une partie de la péninsule italienne sur laquelle il aurait fondée la ville de Janicule.

Quelle que soit ses origines la légende le fait régner, dès les premiers âges, dans le Latium où Saturne, chassé du ciel, se réfugia. Janus le recueillit, allant jusqu’à lui faire partager le pouvoir royal.

Afin de le récompenser de sa générosité, le dieu détrôné le dota du don de voir à la fois le passé et l’avenir pour le prémunir contre les coups du destin.

Janus avance donc un visage tourné vers le passé et un autre vers l’avenir.

Dans cette légende, Janus assume tous les rôles initiaux. Ainsi passe-t-il également pour avoir été jadis identique au Chaos.

Croquis des ruines de Delos par S. De Vries (1673)

Son règne fut prospère et pacifique. C’est à ce titre qu’on le considéra comme le dieu de la paix. Le roi Numa lui fit bâtir un temple à Rome qui restait ouvert en temps de guerre et que l’on refermait lorsque venait la paix. Ce temple ne fut fermé qu’une fois sous le règne de Numa (vers 715-672 av JC). Puis une seconde fois après la fin de la deuxième guerre punique ( III° siècle avant JC) et trois fois, à divers intervalles, durant le règne d’Auguste (63 av JC – 14 ap JC).

Ovide disait que Janus était représenté avec un double visage parce qu’il exerçait son pouvoir aussi bien sur terre que sur la mer ou au ciel.

Monsieur R. Sandhurst nous présente
"Le fameux masque" aux 2 visages

Son nom est tiré du verbe « aller » (ab eundo) ce qui exprime clairement le sentiment des anciens à son égard, c’est pourquoi les passages ouverts des rues s’appellent des iani et les portes au seuil des édifices profanes des ianuae. Aussi ancien que le monde, tout s’ouvre et se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l’univers. Il préside aux portes du ciel de concert avec les Heures. Il observe en même temps l’orient et l’occident.

On le représente avec une clé à la main et à l’autre une verge pour marquer qu’il est le gardien des portes et qu’il préside aux chemins. Ses statues marquent souvent de la main droite le nombre de trois cents et de la gauche celui de soixante cinq pour exprimer la mesure de l’année.

Il était invoqué le premier lorsqu’on faisait un sacrifice à quelque autre dieu. Cicéron atteste en effet cette particularité ainsi que Varron dans sa célèbre formule citée par Augustin : « Penes Ianum sunt prima, penes Iouem summa » (Janus préside à tout ce qui commence, Jupiter à tout ce qui culmine.

Il y avait à Rome plusieurs temples de Janus, les uns de Janus Bifrons, les autres de Janus Quadrifrons. Au delà de la porte du Janicule, on avait élevé, en dehors des murs de Rome douze autels de Janus par rapport aux douze mois de l’année.

En tant qu’initiateur du temps, le mois de janvier (januarius) auquel le roi Numa donna son nom, lui était consacré.

 

 

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Histoire et mythologie

 

 

De l’avantage d’ être un Janus...

Il serait, à n’en pas douter, totalement stupide de se lancer dans l’aventure fascinante mais périlleuse du Janus si cela ne présentait quelques avantages de taille.

Outre le fait que votre force, votre adresse, votre endurance, votre détente, votre vitesse… enfin toutes ces choses si fort prisées par nos athlètes modernes, se verront décuplées lors de la fusion, on note une nette amélioration de la résistance à la douleur et aux blessures de toutes sortes. Ce qui présente certains avantages que nous ne développerons pas ici mais que vous devinerez sans peine.

Un des nombreux avantages...

Toutefois, il nous paraît de notre devoir de rappeler que si vous étiez tenté de vous servir de ce moyen malhonnête afin de grappiller quelque médaille olympique, il s’agirait d’un cas avéré de tricherie, assimilable à du dopage et qui vous vaudrait l’ire de la communauté sportive internationale en général et du Baron Pierre de Coubertin en particulier !

Ceci précisé, il nous reste à ajouter que si le vivant profite pleinement des pouvoirs conférés, l’esprit a également fort à gagner dans l’affaire. En effet, outre qu’il peut jouir à nouveau de ses sens par l’entremise de son partenaire et avec l’accord explicite de ce dernier, il verra s’accroître les pouvoirs dont il disposait en tant que revenant.

Un vrai héro !

Bien sûr, apprivoiser les forces de l’invisible est une tâche ardue et tous n’y sont pas aptes. Seuls les plus forts, ceux qui disposaient de leur vivant d’assez de sagesse et de connaissance y parviennent.

Il est sans doute utile d’ajouter à cet effet que tant que l’esprit garde intact toutes les connaissances qui étaient les siennes lorsqu’il vivait, il est préférable de le choisir aussi érudit que possible.

Imaginez les longues années de vie (car la longévité d’un Janus n’est pas celle d’un homme du commun) d’un homme de notre temps qui serait coincé avec l’esprit d’un barbare ou d’un cuistre ! Cette perspective ne vous paraît-elle pas effrayante ?

Etant donné l’intimité qui sera la vôtre durant de longues années, nous conseillons enfin pour terminer d’éviter de joindre deux âmes de sexes opposés. Ne pensez-vous pas qu’il serait en effet fort incommode voire inconvenant d’être contraints, messieurs, à vous livrer à vos ablutions matinales devant une personne du beau sexe ?

 

Et de ses légers inconvénients...

On pourrait croire, à première vue, qu’il n’existe que des avantages à la situation sus-décrite. Ce serait oublier trop vite que disposer de tels pouvoirs implique certains sacrifices ainsi que de lourdes responsabilités.

Nausées...

On ne pourrait que vous reprocher, par exemple, de ne rien faire pour lutter contre les méchants et autres vilains qui hantent notre si belle planète. On pourrait exiger, par exemple, que vous vous décarcassiez pour restaurer la paix dans le monde, libérer l’opprimé et lutter aux côtés de la veuve et de l’orphelin.

Il serait également de fort bon ton que vous n’omettiez pas, dans vos aventures, le sort des animaux en voie de disparition voire, même, que vous vous souciiez de faire un petit geste en faveur de l’environnement.

Bien sûr, les grands héros sont souvent les plus modestes et comme le grand Héraclès tomba autrefois dans la vulgarité à force d’auto-promotion bruyante, vous saurez, avec charme et élégance, œuvrer dans le calme et la discrétion.

Bien sûr, tout ceci vous entraînera parfois dans une suite d’aventures rocambolesques, semées de péripéties diverses et variées où vous frôlerez, avec courage et abnégation, maints périls et sans doute la mort elle-même.

... maux de tête...

Sans compter qu’après que vous aurez, devant vos proches, amis et parents, parlé à voix haute à un être que vous seul voyez, votre réputation d’original, voire pire peut-être, sera faite. Il vous faudra prendre à cet égard un luxe incroyable de précautions pour ne pas finir enfermé dans une institution spécialisée. Ce qui, vous en conviendrez sans peine, pourrait se révéler excessivement désagréable.

Tout ceci vous paraîtra sans doute peu de chose lorsque nous aurons abordé le chapitre des relations amoureuses... car, hélas, il convient d’aborder avec sérieux cette épineuse et dramatique question.

Vous l’aurez compris, puisque le Janus est double et ne jouit que d’une intimité très réduite, il est fort difficile au vivant de maintenir une vie sociale et amoureuse convenable. Quant à fonder une famille, il n’y faut point songer.

... et dangers
divers !

Quel homme serait celui qui exposerait la pudeur d’une jeune épousée aux regards d’un autre homme, certes décédé depuis parfois fort longtemps mais néanmoins homme et doté encore, en fait de sens, tout au moins de la vue !

Il serait de semblable façon tout à fait malséant que l’esprit tombât amoureux à son tour d’une vivante puisqu’il n’aurait aucun espoir de concrétiser leur amour par un pieux mariage ce qui aurait certainement pour conséquence de plonger l’un et l’autre dans le pire désarroi.

N’ayons pas peur de le dire, le Janus doit aspirer à la chasteté et se consacrer à sa seule mission ! A cette condition et à cette condition seulement, il sera capable de porter sur ses nobles épaules l’avenir

 

OGR

Origo gentis romanae

Les origines du peuple romain

Les origines du peuple romain, depuis les fondateurs, Janus et Saturne, à travers l’histoire des grands hommes qui se sont succédé [1] jusqu’au dixième consulat de Constance. Oeuvre composée d’après l’autorité de Verrius Flaccus, d’Antias (puisque Verrius lui-même a préféré la graphie Antias à celle d’Antia), ensuite d’après les annales des pontifes ; en outre d’après Cincius, Égnatius, Véranius, Fabius Pictor, Licinius Macrus, Varron, César, Tubéron, et tous les historiens anciens ; puis, pour les époques suivantes, d’après les affirmations de chacun des modernes, c’est-à-dire Tite-Live et Victor l’Africain.

I,1. On croit que le premier qui vint en Italie fut Saturne, ainsi que l’atteste aussi la Muse virgilienne, dans ces vers connus :

Le premier qui vint de l’Olympe céleste fut Saturne,

fuyant les armes de Jupiter [2] , etc.

I, 2. Les hommes des temps anciens, au moins jusqu’à cette époque, étaient, d’après la tradition, simples, au point que, si des étrangers arrivaient chez eux, capables de les aider par leur sagesse et leur jugement, de manière qu’ils puissent améliorer leurs conditions de vie et affiner leurs moeurs, parce qu’ils ne connaissaient d’eux ni l’origine ni les ancêtres, ils les croyaient nés du Ciel et de la Terre, et les donnaient aussi pour tels à leurs descendants ; ainsi déclarèrent-ils Saturne lui-même né du Ciel et de la Terre.

I, 3. En dépit de de cette tradition, il est certain que Janus arriva en Italie avant Saturne, qu’à son arrivée il accueillit ensuite.

I, 4. Ainsi faut-il comprendre que Virgile qualifie Saturne de « premier », non par ignorance de l’histoire ancienne, mais parce que tel était le sens qu’il donnait habituellement à ce mot : il ne voulait pas dire que personne ne l’avait précédé, mais qu’il était le personnage principal, comme dans les mots « qui le premier des rivages de Troie. »

I, 5. Il ne fait aucun doute qu’Anténor aborda en Italie avant Énée et qu’il fonda la ville de Padoue, non sur la côte proche du rivage, mais à l’intérieur des terres [c’est-à-dire en Illyrie], comme Virgile le dit lui-même dans les vers qu’il prête à Vénus, lorsque la déesse se plaint à Jupiter des épreuves de son enfant Énée :

Anténor, lui, après avoir échappé aux Achéens, a pu pénétrer

dans les golfes d’Illyrie et gagner en toute quiétude le coeur [3] , etc.

I, 6. Pourquoi donc Virgile a-t-il ajouté «en toute quiétude » ? Nous avons essayé de l’éclaircir, de manière approfondie, à l’endroit voulu, dans le commentaire que nous avons commencé à rédiger, d’après la documentation fournie par le livre intitulé L’origine de Padoue.

I, 7. Dans le cas présent, primus est utilisé avec un sens identique à celui qu’on trouve au deuxième livre de l’Énéide, dans l’énumération de ceux qui sortent du cheval de bois.

I, 8. Après avoir cité Thersandre, Sthénélos, Ulysse, Acamas, Thoas, Néoptolème, le poète ajoute « primusque Machaon » (et Machaon le premier).

I, 9. On peut alors se poser la question : comment peut-il être qualifié de primus, celui qui est mentionné après tant d’autres ? Mais nous comprendrons primus dans le sens de personnage éminent, précisément parce que Machaon, suivant la tradition, a été, en son temps, d’une habileté exceptionnelle dans l’art de la médecine.

*

II, 1. Mais revenons au sujet qui nous occupe. On raconte que Créüse, la fille d’Érechthée, roi d’Athènes, jeune fille d’une grande beauté, fut violée par Apollon, et mit au monde un enfant mâle qui fut ensuite envoyé à Delphes pour y être élevé. Quant à Créüse, son père, qui ignorait tout, la donna [ou l’unit] en mariage à un proche, un certain Xouthos.

II, 2. Comme il n’arrivait pas à avoir d’enfants de Créüse, il se rendit à Delphes afin d’interroger l’oracle sur ce qu’il convenait de faire pour pouvoir devenir père. Le dieu lui répondit d’adopter celui qu’il trouverait sur sa route, le jour suivant.

II, 3. Il rencontra justement cet enfant, dont nous venons de dire qu’il était le fils d’Apollon, et Xouthos l’adopta.

II, 4. Quand il fut parvenu à l’adolescence, mécontent du règne de son père, Janus fit voile vers l’Italie avec une grande flotte ; arrivé dans le Latium, il s’installa sur une hauteur et y fonda une cité, qu’il appela Janicule, à partir de son nom même.

*

III, 1. Tandis que Janus régnait sur des indigènes frustes et incultes, Saturne, chassé de son royaume, trouva refuge en Italie, où on lui accorda une bienveillante hospitalité ; non loin du Janicule, il fonda une citadelle et, de son nom, il l’appela Saturnia.

III, 2. Le premier il enseigna l’agriculture ; ces hommes frustes, et habitués à vivre de rapines, il les conduisit vers une forme de vie organisée, comme le dit Virgile dans le livre VIII de l’Énéide :

Habitaient ces bois les Faunes et les Nymphes indigènes,

ainsi qu’une race d’hommes nés du tronc de chênes durs,

êtres sans coutumes ni culture, qui ne savaient ni atteler des taureaux,

ni amasser des richesses, ni épargner ce qu’ils avaient acquis ;

la cueillette et la chasse des bêtes sauvages assuraient leur subsistance [4] .

III, 3. Se détournant de Janus, qui ne lui avait rien enseigné, hormis les rites du culte divin et les cérémonies religieuses, la population préféra se lier à Saturne, qui inculqua dans ces esprits encore sauvages une conception plus élevée de vie et de comportement moral, dans l’intérêt général ; comme nous l’avons déjà dit, il enseigna l’art de cultiver la terre ; c’est à quoi se réfèrent ces deux vers :

Il rassembla cette race indocile et dispersée en haut des collines,

pour lui imposer des lois. Il choisit d’appeler ce lieu Latium [5] , etc.

III, 4. Suivant la tradition, Saturne introduisit également l’usage de travailler le bronze et de battre la monnaie sur un coin : sur une face figurait la tête de Janus, sur l’autre l’effigie du navire qui l’avait amené en cette terre.

III, 5. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, les joueurs présentent à leurs adversaires une pièce de monnaie, en la couvrant de la main, et en les invitant à deviner ce qu’il y a au-dessous, la tête ou le navire (ce mot, dans le langage courant, a été déformé en navia).

III, 6. Aujourd’hui encore la maison qui se trouve sur les pentes du Capitole, où il tenait caché son argent, est appelée « Trésor de Saturne ».

III, 7. Toutefois, comme nous l’avons déjà dit, Janus était arrivé avant lui : aussi, quand il fut décidé, après leur disparition, de leur distribuer à tous deux les honneurs divins, dans toutes les cérémonies sacrées, la première place fut donnée à Janus ; même lorsqu’on leur sacrifie en même temps qu’aux autres dieux, après que l’encens a été répandu sur l’autel, Janus est nommé le premier ; et on accolle à son nom l’épithète de Père, ainsi que l’atteste aussi notre poète :

La première fut fondée par le dieu Janus, l’autre par Saturne [6] ;

ajoutant aussitôt après :

L’une fut appelée Janicule, l’autre Saturnia [7] .

III, 8. À lui, Janus, parce qu’il possédait l’admirable capacité de rappeler le passé et aussi de prévoir le futur... (Virgile) a dit :

Le roi Latinus, bien vieux déjà, régnait

sur des villes et des campagnes depuis longtemps pacifiées et sereines [8] .

Pendant son règne, selon Virgile, les Troyens arrivèrent en Italie.

III, 9. On se demande comment Salluste a pu écrire : « et avec eux les Aborigènes, race d’hommes agrestes, sans lois, sans gouvernement, libre et sans contrainte » [9] .

*

IV, 1. Certains, pour leur part, rapportent que, quand les terres étaient recouvertes un peu partout des eaux du déluge, de nombreux hommes, de diverses régions, s’établirent sur les montagnes où ils avaient trouvé refuge ; puis, certains d’entre eux, en quête d’un nouveau domicile, arrivèrent en Italie et furent appelés « Aborigènes », d’un mot venant du grec, car en cette langue les sommets des montagnes sont dits .

IV, 2. Selon d’autres, ils se seraient tout d’abord appelés « Aberrigènes » parce qu’ils arrivèrent en ce lieu après avoir erré : par la suite, une lettre ayant changé, une autre ayant été ôtée, ils prirent le nom d’« Aborigènes ».

IV, 3. Picus les accueillit et leur permit de vivre comme ils le voudraient.

IV, 4. En Italie, après Picus, régna Faunus ; son nom dériverait du verbe fari, (dire), car il avait coutume de prédire l’avenir, en des vers que nous appelons « saturniens » ; ce genre de vers fut utilisé, pour la première fois, dans une prophétie faite à Saturnie.

IV, 5. Ennius en témoigne, quand il déclare :

En des vers qu’autrefois chantaient faunes et devins.

IV, 6. Ce Faunus, dont il est question, la plupart l’identifie à Silvain, dont le nom vient de silva, ou au dieu Inuus, certains même à Pan.

*

V, 1. Sous le règne de Faunus, quelque soixante ans avant la venue d’Énée en Italie, l’Arcadien Évandre, fils de Mercure et de la nymphe Carmentis, y aborda avec sa mère.

V, 2. Cette dernière, aux dires de certains, portait tout d’abord le nom de Nicostrata, puis celui de Carmenta, de carmen, car, très versée dans les lettres et capable de prévoir le futur, elle avait coutume de faire des prédictions en vers ; la plupart estime encore que ce n’est pas le nom de Carmenta qui vient de carmen, mais bien que ce sont les carmina qui ont été appelés ainsi, de celle qui les récitait.

V, 3. Évandre, donc, vint en Italie sur les conseils de sa mère et, grâce à son extraordinaire culture et à sa connaissance de l’alphabet, en peu de temps il s’acquit l’estime de Faunus. Après avoir reçu de lui une hospitalité bienveillante, il obtint en récompense un territoire assez vaste où s’établir. Il le partagea entre ses compagnons, et leurs domiciles furent construits sur la montagne qu’ils appelaient alors Pallanté, du nom de Pallas, et que nous, ensuite, nous avons appelé le Palatin. Il y consacra un temple à Pan, qui est un dieu cher aux Arcadiens, comme l’atteste Virgile en disant :

Pan, dieu de l’Arcadie, te séduisit et te trompa, ô Lune [10] ,

et aussi :

Pan, même, au tribunal de l’Arcadie, se mesurait avec moi

Pan, même, au tribunal de l’Arcadie, s’avouerait battu.

V, 4. Le premier, Évandre enseigna aux habitants de l’Italie à lire et à écrire avec un alphabet qu’il avait en partie appris auparavant ; il leur montra la culture des céréales, découverte pour la première fois en Grèce ; il leur enseigna l’art de semer, et fut le premier en Italie à atteler les boeufs pour labourer la terre.

*

VI, 1. Sous le règne d’Évandre, un certain Tricaranus, d’origine grecque, arriva dans le Latium ; c’était un berger d’une taille gigantesque et d’une grande force, qu’on appelait Hercule parce qu’il dépassait tout le monde pour l’aspect et le courage.

VI, 2. Tandis que ses troupeaux paissaient le long des rives du fleuve Albula, Cacus, un esclave d’Évandre, mauvais, rusé, et de surcroît très cupide, déroba quelques génisses à Tricaranus et, pour ne laisser aucun indice, il les traîna dans une grotte en les tirant par la queue.

VI, 3. Tricaranus parcourut les régions voisines et explora les cachettes possibles mais, à la fin, désespérant de les retrouver, et résigné désormais à subir sereinement leur perte, il avait décidé d’abandonner la région.

VI, 4. Quand Évandre, homme d’une très grande justice, apprit comment les faits s’étaient produits, il fit punir l’esclave et restitua les génisses volées.

VI, 5. Tricaranus consacra alors, aux pentes de l’Aventin, un autel au Père Inventeur, lui donna le nom de Maxima, sur lequel il offrit ensuite la dixième partie de son troupeau.

VI, 6. L’usage le plus ancien était de donner aux souverains la dixième partie des récoltes ; mais il parut à Tricaranus plus juste que les dieux profitent de cette offrande, plutôt que les rois. De là vint la coutume de consacrer la dîme à Hercule ; c’est à quoi Plaute [11] se réfère, à travers l’expression « la part d’Hercule », qui signifie précisément le dixième.

VI, 7. Tricaranus, donc, dédia l’Ara Maxima et consacra la dîme ; et comme, quoique invitée, Carmenta ne se présenta pas, il établit qu’aucune femme n’aurait le droit de se nourrir de ce qui avait été offert sur cet autel ; et, de fait, les femmes furent sans exception exclues du rite. C’est ce que Cassius raconte dans son premier livre.

*

VII, 1. Cependant, dans les livres des Questions pontificales, on rapporte qu’Hercule, le fils de Jupiter et d’Alcmène, après sa victoire sur Géryon, emmenant avec lui son célèbre troupeau, et désireux d’introduire en Grèce des boeufs de cette race, arriva par hasard dans le Latium et, ayant admiré la richesse du pâturage, il décida de s’y arrêter un moment afin que les hommes qui l’accompagnaient, mais aussi les animaux, puissent récupérer des fatigues du long voyage.

VII, 2. Les animaux furent mis à paître, librement, là où se trouve aujourd’hui le Cirque Maxime, car on pensait que nul n’oserait toucher au bien d’Hercule. Or, un brigand de la région, qui dépassait tout le monde par son aspect physique et son courage, tira huit génisses dans une grotte en les traînant par la queue, afin de ne pas laisser de trace de son larcin.

VII, 3. Quand Hercule, en partant, poussait le reste de son troupeau, par hasard il passa près de la grotte, et les génisses qui s’y trouvaient renfermées bleuglèrent au moment où les autres passèrent devant elles : ainsi le vol fut découvert.

VII, 4. Quand il apprit qu’Hercule avait tué Cacus, Évandre alla le trouver pour le remercier d’avoir libéré son territoire d’un si grand fléau ; et dès qu’il apprit quels étaient ses parents, Évandre rapporta à Faunus comment s’était déroulée toute cette histoire. Alors Faunus désira ardemment devenir son ami. Cette version des événements n’a pas été suivie par notre Virgile.

*

VIII, 1. Celui qui consacra le Grand Autel au Père Découvreur, qu’il s’agisse de Tricaranus ou d’Hercule, fit venir deux Italiens, Potitius et Pinarius, afin de leur enseigner comment célébrer ce culte suivant un rituel précis.

VIII, 2. Mais tandis que Potitius, arrivé le premier, fut autorisé à brûler les viscères des victimes, Pinarius, qui vint avec du retard, fut exclu du festin, lui et tous ses descendants. Aujourd’hui encore, la règle veut qu’aucun membre de la famille de Pinarius puisse consommer durant le sacrifice.

VIII, 3. Il y en a qui soutiennent que les Pinarius s’appelaient auparavant d’une autre façon, et qu’ensuite ils prirent leur nom du grec , parce que des sacrifices de ce genre, où ils ne touchaient pas à la nourriture, ils sortaient affamés.

VIII, 4. Jusqu’à la censure d’Appius Claudius, l’usage resta en vigueur, que les Pinarius soient admis au sacrifice seulement après que les Potitius, qui le célébraient, se furent alimentés des chairs du boeuf immolé, c’est-à-dire au moment où il ne restait plus rien.

VIII, 5. Cependant, Appius Claudius convainquit, avec de l’argent, les Potitius qu’ils enseignent aux esclaves publics le rituel public institué par Hercule, et aussi qu’ils y admettent les femmes.

VIII, 6. On raconte, qu’à la suite de cela, dans le laps de temps de trente jours, toute la famille des Potitius, qui jusqu’alors avait détenu la priorité dans la célébration du sacrifice, s’éteignit, et le devoir passa aux Pinarius ; ces derniers, soit par crainte de la divinité, soit par religieuse dévotion, furent ensuite les fidèles gardiens de ces rites.

*

IX, 1. Après Faunus, alors que son fils Latinus régnait en Italie, Ilion était prise par les Grecs à cause de la trahison d’Anténor et d’autres princes troyens : Énée, portant devant lui les dieux Pénates, son père Anchise sur les épaules, et tirant par la main son petit enfant, pendant la nuit essaya de fuir ; le jour étant venu, il fut reconnu par ses ennemis, lesquels, le voyant chargé d’un si pieux fardeau, ne l’arrêtèrent pas ; davantage : le roi Agamemnon lui permit d’aller où il le voudrait. Énée se dirigea vers le mont Ida, où il équipa une flotte et, sur le conseil de l’oracle, il partit vers l’Italie en compagnie de nombreux hommes et femmes : tout cela, Alexandre d’Éphèse le raconte dans le premier livre de son oeuvre La guerre Marse.

IX, 2. Lutatius, quant à lui, rapporte que non seulement Anténor mais aussi Énée trahit sa patrie.

IX, 3. Le roi Agamemnon lui accorda d’aller où il voudrait, et de prendre avec lui ce qu’il estimait le plus précieux ; il emporta uniquement les dieux Pénates, son père et ses deux petits enfants, comme certains disent ; selon d’autres, cependant, son unique fils, qui s’appela d’abord Iule et, par la suite, Ascagne.

IX, 4. Impressionnés par tant de piété, les chefs grecs permirent à Énée de revenir chez lui et d’emporter ce qu’il voudrait ; il quitta Troie avec de grandes richesses et en compagnie de nombreux compagnons de l’un et l’autre sexe ; il arriva en Italie, au terme d’un long trajet en mer, et après avoir touché de nombreuses terres. Tout d’abord, il débarqua en Thrace, où il fonda la cité d’Énus, qu’il appela ainsi à partir de son nom.

IX, 5. Ensuite, ayant découvert la perfidie de Polymestor à la suite de la mort de Polydoros, il s’éloigna et atteignit l’île de Délos ; il repartit après avoir épousé Lavinia, la fille d’Anios, prêtre d’Apollon, de laquelle prirent le nom les littoraux laviniens.

IX, 6. Il franchit de nombreux océans, il débarqua sur le promontoire de la côté italique près de Baies, dans le voisinage du lac d’Averne, où il ensevelit son pilote Misène, mort de maladie ; ce dernier donna son nom à la ville de Misène, comme l’écrit aussi César dans le premier livre de ses Questions Pontificales, même s’il affirme que ce Misène n’était pas pilote mais trompette.

IX, 7. Justement, Virgile tient compte des deux versions, lorsqu’il écrit :

Alors le pieux Énée fit dresser un tombeau de dimensions énormes

en l'honneur de l'homme, avec ses armes et ses rames et sa trompette [12] .

IX, 8. Même si certains assurent, sur l’autorité d’Homère, qu’au temps de la guerre de Troie l’usage de la trompette était encore inconnu.

*

X, 1. Certains historiens ajoutent que, sur ce littoral, Énée célébra les funérailles de Baia, la mère d’Euxinus, son compagnon, morte d’une vieillesse avancée, près de l’étang situé entre Misène et le lac d’Averne : ce lac prit son nom. Ayant ensuite appris que dans le voisinage, dans la ville qui s’appelle Cimmérium, une Sibylle prédisait le futur aux mortels, il s’y rendit pour l’interroger sur sa situation future. Il obtint la réponse, et il lui fut interdit d’ensevelir sur le sol italique l’une de ses parentes.

X, 2. Après qu’Énée fut de retour à sa flotte et trouva morte Prochytas, une parente qu’il avait laissée en bonne santé, il lui donna une sépulture sur une île voisine, qui aujourd’hui encore conserve son nom, comme l’écrivent Lutatius, Acilius et Pison.

X, 3. Parti de là, il arriva à une localité, que nous appelons le port de Caiète, du nom de la nourrice d’Énée qui y mourut et y fut enterrée.

X, 4. Toutefois, César et Sempronius affirment que Caiète n’est pas un nom mais un surnom qui lui fut donné, car les femmes troyennes, conseillées et exhortées par Caiète, fatiguées du long voyage, mirent en ce lieu le feu aux navires : le nom viendrait du grec qui signifie « incendier ».

X, 5. Ensuite Énée arriva dans la région d’Italie, où régnait alors Latinus, appelée laurente du nom de la plante du laurier. Avec son père Anchise, avec tous ses compagnons, descendus des navires, il s’étendit sur le rivage et, quand il eut consommé toute la nourriture qu’il possédait, il mangea aussi la croûte des galettes de froment qu’il emportait pour les sacrifices.

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XI, 1. Alors Anchise conjectura qu’ils étaient arrivés au terme de leurs souffrances et de leurs errances ; il se souvenait en effet qu’autrefois Vénus lui avait prédit que le jour où, sur le rivage d’un pays étranger, poussés par la faim ils dévoreraient même les tables consacrées, précisément en ce lieu, par la volonté du destin, ils devraient fonder leur nouvel établissement.

XI, 2. En outre, une truie pleine, menée du navire à terre pour être immolée, se libéra des mains des sacrificateurs ; Énée se rappela alors la réponse d’un oracle ancien, qu’un quadrupède le guiderait jusqu’au lieu où il fonderait la nouvelle ville.

XI, 3. C’est pourquoi il se mit à la suivre, en emportant aussi les images des dieux pénates ; sur le sol où la bête se coucha et mit bas trente porcelets, Énée, après avoir pris les auspices et immolé la truie, fonda une cité, qu’il appela Lavinium, comme l’attestent César dans son premier livre, et Lutatius dans son second livre.

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XII, 1. Selon Domitius il ne s’agissait pas de galettes de froment, comme écrit plus haut, mais de branches de persil, abondantes en ce lieu, qui furent utilisées pour manger, en guise de tables. Quand ils eurent fini le repas, ils mangèrent également le persil, et aussitôt ils comprirent qu’il s’agissait là des tables que, selon la prédiction, ils devaient manger.

XII, 2. La truie ayant été immolée, et tandis qu’il faisait un sacrifice sur le rivage, on rapporte qu’Énée s’aperçut par hasard de l’arrivée d’une flotte grecque où se trouvait Ulysse. Craignant de courir un danger, s’il était reconnu par ses ennemis, mais jugeant  comme le pire sacrilège d’interrompre la cérémonie, il se couvrit le visage d’un voile et mena à terme le sacrifice sans rien négliger. C’est ainsi que naquit la coutume, observée par les descendants, de sacrifier le visage couvert, comme l’écrit Marcus Octavius dans son premier livre.

XII, 3. Dans son premier livre, Domitius nous informe au contraire qu’Énée, suivant le conseil de l’oracle de Délos, devait se diriger vers l’Italie et fonder une ville, là où il trouverait deux mers et, en plus de son repas, où il mangerait aussi les tables.

XII, 4. Quand Énée débarqua dans le territoire laurente, qu’il s’éloigna un peu du rivage, il arriva près de deux étangs d’eau salée, voisins l’un de l’autre. Il s’y lava et s’y restaura en mangeant également le persil qu’il avait utilisé comme table ; et comprenant qu’il s’agissait sans aucun doute des deux mers, car l’eau des étangs était saline, et qu’il avait consommé les tables — formées par une couche de persil — il fonda la cité en ce lieu et l’appela Lavinia, parce qu’il s’était lavé dans un étang. Par la suite, Latinus, le roi des Aborigènes, lui donna cinq cents arpents de terre pour qu’il y habite.

XII, 5. Caton, pour sa part, dans ses Origines du peuple romain, raconte ceci : une truie mit bas trente porcelets où se trouve à présent Lavinium ; Énée, qui avait décidé de construire là-même une cité, déplorait la pauvreté du terrain ; mais en songe lui apparurent les images des dieux pénates : ils l’exhortèrent à poursuivre son projet de fonder la cité, qu’il avait commencé : après autant d’années que la truie avait mis bas de porcelets, les Troyens se transféreraient dans des lieux fertiles et dans un territoire plus riche, en fondant une cité au nom clair entre tous, en Italie.

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XIII, 1. Quand on annonça à Latinus, le roi des Aborigènes, qu’un grand nombre d’étrangers, venus de la mer, avaient envahi le territoire laurente, il mena sans tarder ses troupes contre ces ennemis imprévus et inattendus. Avant d’engager la bataille, il remarqua que les Troyens étaient dotés de tout l’équipement nécessaire au combat, alors que ses sujets étaient armés de pierres et de bâtons, et protégés seulement par des tuniques et des peaux qu’ils tenaient enroulés autour du bras gauche pour se défendre.

XIII, 2. Aussi Latinus suspendit l’affrontement et vint parlementer avec les Troyens ; il leur demanda qui ils étaient, et ce qu’ils voulaient, cette décision ayant été prise sur ordre de la divinité ; maintes fois en effet, les entrailles des victimes et les visions qu’il avait eues en songe l’avaient averti qu’il se garderait mieux de ses ennemis s’il unissait ses forces à des étrangers.

XIII, 3. Quand il apprit qu’Énée et Anchise, chassés de leur patrie à cause de la guerre, erraient avec les simulacres des dieux en quête d’un lieu où s’établir, il conclut avec un eux un pacte d’amitié ; ils se jurèrent réciproquement qu’ils auraient des amis et des ennemis communs.

XIII, 4. Ainsi les Troyens commencèrent à fortifier leur cité, qu’Énée appela Lavinium, du nom de son épouse, la fille du roi Latinus, qui dans un premier temps avait été promise à Turnus.

XIII, 5. Cependant, la reine Amata, la femme de Latinus, tolérait mal que Lavinia, ayant répudié Turnus, qui était son cousin, épouse un étranger troyen ; elle incita Turnus à prendre les armes. Il rassembla l’armée des Rutules et attaqua le territoire laurente : le roi Latinus, avec Énée, se porta contre lui mais, au milieu des combats, il fut encerclé et tué.

XIII, 6. Après la mort de son beau-père, Énée continua de résister aux Rutules, et il tua même Turnus.

XIII, 7. Ayant défait et mis en fuite ses ennemis, il rentra en vainqueur à Lavinium avec ses soldats, et, à l’unanimité, il fut proclamé roi des Latins, comme l’écrit Lutatius dans son troisième livre.

XIII, 8. Pison soutient pour sa part que Turnus était le cousin d’Amata, et qu’après la mort de Latinus au combat, elle s’ôta la vie.

*

XIV, 1. Donc, Énée, après avoir tué Turnus, s’empara du pouvoir. Comme il ressentait encore de la colère envers les Rutules, il décida de les harceler sans trêve, par des actions de guerre ; ils implorèrent de l’Étrurie l’aide de Mézence, le roi d’Agylla, avec la promesse qu’en cas de victoire, tout ce qui appartenait aux Latins lui serait cédé.

XIV, 2. Comme ses soldats étaient en infériorité numérique, Énée mit à l’abri dans la cité tout ce qu’il devait impérativement sauver ; il établit son camp sous Lavinium, et plaça son fils Euryléon au commandement ; quant à lui, ayant choisi le moment opportun pour attaquer, il fit avancer ses soldats en ordre de bataille près de l’étang formé par les eaux du Numicius. Tandis que l’on combattait âprement en ce lieu, le ciel s’obscurcit à cause d’une tourmente subite, et aussitôt une pluie battante commença de tomber, accompagnée de tonnerres et d’éclats d’éclairs, au point que non seulement les yeux étaient aveuglés, mais les esprits également troublés. Les combattants des deux camps ne désiraient pas autre chose que mettre fin à la bataille ; néanmoins, Énée, enlevé dans le bouleversement de cette tempête imprévue, n’apparut plus parmi les mortels.

XIV, 3. On rapporte par ailleurs qu’il ne se doutait pas être près du fleuve et, poussé depuis le rivage, il tomba dans l’eau ; ainsi la bataille prit-elle fin. Dans la suite, toutefois, quand les nuées s’écartèrent et se dissipèrent, et que resplendit le ciel clair, on crut qu’il avait été admis vivant au ciel.

XIV, 4. Plus tard, Ascagne et quelques autres affirmèrent qu’ils l’avaient vu au-dessus de la rive du fleuve Numicius avec les mêmes vêtements et les mêmes armes avec lesquelles il était entré dans la bataille ; cela servit à renforcer la réputation de son immortalité. Aussi en ce lieu un temple lui fut-il consacré, et on le vénéra en tant que Père Indigète.

XIV, 5. Ensuite son fils Ascagne, appelé aussi Euryléon, fut proclamé roi avec le consentement de tous les Latins.

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XV, 1. Quand il eut obtenu le pouvoir suprême sur les Latins, Ascagne décida de continuer sans trêve la guerre contre Mézence, dont le fils, Lausus, s’empara de la colline qui constitue la citadelle de Lavinium ; comme la cité se trouvait serrée de toutes parts par les troupes du roi, alors les Latins envoyèrent à Mézence une ambassade pour lui demander à quelles conditions il accepterait leur reddition.

XV, 2. Or Mézence, entre autres lourdes exigences, ajouta aussi qu’on lui donne, durant plusieurs années, tout le vin produit dans les terres latines ; alors sur le conseil et l’autorité d’Ascagne, on préféra risquer de mourir en défendant sa liberté, plutôt que de subir une pareille servitude.

XV, 3. Ainsi, après avoir consacré à Jupiter, par un voeu public, le vin de toute la vendange, les Latins se jetèrent hors de la cité et, ayant défait les assiégeants et tué Lausus, ils contraignirent Mézence à la fuite.

XV, 4. Ce dernier, par la suite, par l’envoi d’une ambassade, obtint l’amitié et l’alliance des Latins, comme l’atteste Lucius César dans son premier livre, et également Aulus Postumius, dans son oeuvre L’arrivée d’Énée, dédiée à [...].

XV, 5. Admirant le grand courage d’Ascagne, les Latins, non seulement estimèrent qu’il était le descendant de Jupiter, mais ils l’appelèrent d’abord Iole, abrégeant et transformant un peu son nom, puis Iule : de lui descendit la famille Giulia, comme l’écrivent César dans son deuxième livre, et Caton dans les Origines.

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XVI, 1. Laissée enceinte par Énée, Lavinia, par crainte de l’hostilité d’Ascagne, se réfugia dans une forêt, auprès de Tyrrhus, berger des troupeaux de Latinus. Elle y mit au monde un fils, qui fut appelé Silvius, d’après la nature du lieu.

XVI, 2. Mais le peuple des Latins, imaginant que Lavinia avait été tuée en secret par Ascagne, conçut une grande animosité à son égard, au point de le menacer avec les armes.

XVI, 3. Alors Ascagne tenta de se disculper, par des serments, mais cela ne lui servit à rien. Il réussit toutefois à apaiser un peu la colère populaire, en demandant un certain délai afin d’entreprendre des recherches, et il promit qu’il comblerait de récompenses considérables celui qui la retrouverait. Très vite Lavinia fut retrouvée, et il la ramena à Lavinium avec son fils, et il l’aima et l’honora comme sa mère.

XVI, 4. Cela lui fit regagner la faveur du peuple, comme l’écrivent [Gaius] Cesare et [Sextus] Gellius dans ses Origines du peuple romain.

XVI, 5. D’autres, au contraire, racontent que, quand le peuple entier cherchait à contraindre Ascagne à rendre Lavinia, et que lui jurait de ne pas l’avoir tuée, et de ne pas savoir où elle se trouvait, le berger Tyrrhus, ayant demandé le silence, déclara à cette nombreuse assemblée qu’il pouvait lui donner des renseignements, s’il obtenait la promesse que leur sécurité, à lui, à Lavinia et à son enfant, serait assurée. Ces garanties obtenues, il ramena Lavinia et son fils dans la cité.

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XVII, 1. Après ces événements, trente ans s’étant écoulés à Lavinium, Ascagne se rappela que le moment était venu de fonder la nouvelle ville, conformément au nombre des porcelets nés de la truie blanche. Observant attentivement la région alentour, il fut frappé par la montagne, qui aujourd’hui s’appelle mont Albain, du nom de la cité qui s’y dresse ; Ascagne y fonda une ville, que, d’après sa forme, il appela Longue, parce qu’elle s’étend en longueur, et Blanche, de la couleur de la truie.

XVII, 2. Il y transporta les simulacres des pénates ; mais ces derniers, le jour suivant, réapparurent à Lavinium ; ils furent reportés à Albe et, on disposa je ne sais combien d’hommes pour les garder, ils retournèrent de nouveau à Lavinium, dans leur ancien domicile.

XVII, 3. Personne n’osa plus les déplacer une troisième fois, comme il a été écrit dans le quatrième livre des Annales des Pontifes, dans le second de Cincius et de César, dans le premier de Tubéron.

XVII, 4. À la mort d’Ascagne, un différend s’éleva, pour l’obtention du pouvoir, entre Iule, son fils, et Silvius Postumius né de Lavinia ; on s’interrogeait sur celui à qui il devait revenir, du fils ou du petit-fils d’Énée. La décision incomba au peuple, qui proclama Silvius roi, à l’unanimité.

XVII, 5. Ses descendants, qui s’appelèrent tous Silvius, régnèrent sur Albe jusqu’à la fondation de Rome, comme il est écrit dans le quatrième livre des Annales des Pontifes.

XVII, 6. Sous le règne de Latinus Silvius, des colons s’établirent à Préneste, Tibur, Gabies, Tusculum, Cora, Pométa, Labici, Crustumium, Caméria, Bovillae, et dans les autres cités environnantes.

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XVIII, 1. Tibérius Silvius, le fils de Silvius [Postumus], lui succéda. Il fit la guerre aux populations voisines qui l’attaquaient ; mais lors d’un combat, il fut poussé dans les eaux du fleuve Albula, et y périt ; et ce fut la raison pour laquelle on changea le nom du fleuve, comme l’écrivent Lucius Cincius dans son premier livre, et Lutatius dans son troisième.

XVIII, 2. Après lui régna Arémulus Silvius qui, dit-on, se distingua par son arrogance, non seulement envers les hommes, mais aussi envers les dieux, au point qu’il se proclamait supérieur à Jupiter lui-même ; il commandait à ses soldats, quand le ciel tonnait, de frapper sur leurs boucliers avec leurs armes, et il prétendait qu’il savait produire un son plus éclatant encore.

XVIII, 3. Mais il fut puni bien vite : frappé par la foudre, et saisi dans un tourbillon de vent, il fut précipité dans le lac d’Albe, comme il est écrit dans le quatrième livre des Annales des Pontifes, et dans le second des Épitomes de Pison.

XVIII, 4. Aufidius, pourtant, dans ses Épitomes, et Domitius, dans son premier livre, rapportent qu’il ne mourut pas foudroyé, mais que son palais s’écroula lors d’un tremblement de terre, et qu’il fut emporté et traîné avec les ruines de l’édifice dans le lac d’Albe.

XVIII, 5. Après lui régna Aventinus Silvius ; attaqué par les peuples voisins, lors de la bataille il fut encerclé par les ennemis ; il mourut et fut enseveli au pied de la montagne qui prit son nom, comme l’atteste Lucius César dans son deuxième livre.

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XIX, 1. Après Aventinus, le roi d’Albe, Silvius Procas, laissa pour héritiers, à parts égales, ses deux fils, Numitor et Amulius.

XIX, 2. Alors Amulius mit d’un côté le seul pouvoir royal, de l’autre tout le patrimoine et les richesses de leur père, et il laissa Numitor, qui était l’aîné, le droit de choisir ce qu’il préférait.

XIX, 3. Au pouvoir, Numitor préféra la tranquillité privée avec ses richesses, et ainsi Amulius obtint le règne.

XIX, 4. Pour renforcer son propre pouvoir, il fit tuer le fils de Numitor, durant une partie de chasse ; il décréta en outre que Rhéa Silvia, sa soeur, devînt prêtresse de Vesta, feignant d’avoir eu une vision, où la déesse elle-même lui demandait cela. En réalité, il prit cette décision parce qu’il estimait dangereux que de Rhéa Silvia naisse une descendance, qui vengerait les torts subis par leur aïeul, comme l’écrit Valérius Antias dans son premier livre.

XIX, 5. Marcus Octavius et Licinius Macer rapportent au contraire que ce fut Amulius lui-même, l’oncle de la vestale Rhéa Silvia, qui, pris de passion pour elle, la viola dans le bois sacré de Mars, profitant d’un ciel sombre et obscurci par les nuages, quand la jeune fille, aux premières lueurs de l’aube, sortit pour puiser l’eau destinée au culte. Le temps normal s’étant écoulé, deux jumeaux naquirent.

XIX, 6. L’ayant appris, Amulius, afin que sa faute ne fût pas connue, ordonna que la prêtresse fût condamnée à mort, et que les jumeaux lui fussent remis.

XIX, 7. Alors Numitor, en espérant que dans l’avenir ses petits-enfants, devenus grands, vengeraient les offenses subies, leur substitua d’autres nouveaux-nés, et confia ses vrais petits-fils à Faustulus, le chef des bergers, pour qu’il les élève.

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XX, 1. Au contraire, Fabius Pictor, dans son premier livre, et Vennonius racontent que la jeune fille était sortie, selon l’usage rituel, pour puiser l’eau nécessaire au culte, à une fontaine qui se trouvait dans le bois sacré de Mars. Quand ses compagnes se dispersèrent en fuyant, à cause d’une pluie soudaine et de tonnerres, elle fut violée par Mars, et elle en demeura profondément troublée ; mais le dieu la réconforta en lui révélant son identité, et en lui promettant qu’elle donnerait naissance à une descendance digne de son père.

XX, 2. Dès qu’il sut que la prêtresse avait accouché de deux jumeaux, le roi Amulius ordonna immédiatement qu’ils soient portés au bord du fleuve, et abandonnés.

XX, 3. Ceux chargés d’exécuter l’ordre placèrent les enfants dans une petite barque, et les abandonnèrent dans le Tibre, au pied du Palatin, où un étang s’était formé, en raison des pluies abondantes. Faustulus, un porcher de la région, les aperçut en train d’exposer les enfants ; lorsque les eaux se furent retirées, il vit que la petite barque avec les enfants s’était immobilisée auprès d’un figuier. Attirée par les pleurs des bébés, une louve, qui venait de mettre bas, commença par les lécher, puis elle leur offrit ses mamelles afin de les soulager. Alors Faustulus s’approcha, recueillit les petits et les porta à sa femme, Acca Larentia, pour qu’elle les nourrisse, comme l’écrivent Ennius dans son premier livre, et César dans le second.

XX, 4. Certains ajoutent que, tandis que Faustulus observait encore, un pivert également vola vers les enfants, le bec plein de nourriture, qu’il leur donna ; d’où la conviction que le loup et le pivert sont placés sous la protection de Mars. L’arbre, près duquel les enfants furent abandonnés dans le fleuve, est appelé « figuier ruminal », parce que sous son ombre le bétail a l’habitude de ruminer pendant le repos de l’après-midi.

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XXI, 1. Valérius raconte au contraire qu’Amulius confia les enfants nés de Rhéa Silvia à son esclave Faustulus pour qu’il les supprime ; mais celui-ci, prié par Numitor de n’en rien faire, les donna à élever à Acca Larentia, sa maîtresse, qu’on appelait « louve », parce qu’elle avait l’habitude de se prostituer pour de l’argent.

XXI, 2. On sait en effet que ce terme désigne les femmes qui font commerce de leur corps, et de là vient l’usage d’appeler lupanars les lieux où elles sont logées.

XXI, 3. Par la suite, quand ils furent en mesure de recevoir une éducation libérale, les jumeaux demeurèrent à Gabies, pour y apprendre les lettres grecques et latines : leur aïeul Numitor, en secret, pourvoyait à tout.

XXI, 4. Dès qu’ils atteignirent l’adolescence, Romulus apprit, d’une révélation de Faustulus, qui était son grand-père, qui était sa mère et quel destin il avait enduré : il se dirigea aussitôt vers Albe avec une troupe de bergers armés, tua Amulius et restitua le pouvoir royal à Numitor.

XXI, 5. Le nom de Romulus vient de sa grande force et de sa valeur : en grec, on l’exprime par la parole . Son frère, pour sa part, fut appelé Rémus, à cause de sa lenteur, parce que les hommes d’une telle nature, autrefois, étaient nommés remores.

*

XXII, 1. Après les événements qui viennent d’être exposés, ayant célébré un sacrifice dans le lieu qu’on appelle aujourd’hui Lupercal, Romulus et Rémus, coururent joyeusement, en frappant, avec les peaux des victimes immolées, tous ceux qu’ils rencontraient sur leur passage, et ils décrétèrent que ce sacrifice solennel reste en vigueur pour eux-mêmes et pour leurs descendants, et ils donnèrent des noms différents à leurs propres compagnons : Rémus les appela Fabius, Romulus Quintilius. Ces noms sont encore en usage aujourd’hui au cours de cette cérémonie.

XXII, 2. Dans le second livre des Questions pontificales, au contraire, on lit qu’Amulius envoya quelques-uns de ses sujets pour capturer le berger Rémus, mais, n’osant pas le capturer par la force, ils choisirent le moment opportun pour lui tendre une embuscade. En l’absence de Romulus, ils feignirent de proposer un concours pour savoir qui d’entre eux, les mains liées derrière le dos, serait capable de porter le plus loin possible, en la tirant avec les dents, la pierre que l’on utilisait pour peser la laine.

XXII, 3. Sûr de sa force, Rémus promit qu’il la porterait jusqu’à l’Aventin ; mais dès qu’il eut accepté de se faire ligoter, il fut emmené comme prisonnier à Albe. À son retour, Romulus, informé de ce qui s’était passé, réunit aussitôt un grand nombre de bergers ; il les divisa en groupes de cent hommes auxquels il distribua des perches ; des manipules de foin, de formes variées, étaient attachés à leur extrémité, pour que tous puissent plus facilement reconnaître et suivre leur propre chef. De là vient le nom de « manipulaires », donné aux soldats qui appartiennent au même groupe.

XXII, 4. Ainsi, ayant tué Amulius, Romulus libéra son frère et rendit le règne à son aïeul Numitor.

*

XXIII, 1. Romulus et Rémus projetèrent de fonder une ville, dans laquelle tous deux régneraient avec un pouvoir égal ; Romulus estimait que l’endroit le mieux adapté était le Palatin, et il voulait l’appeler Rome, alors que Rémus indiquait une autre colline distante de cinq milles du Palatin, et dont il voulait que le lieu prenne, d’après son nom, le nom de Rémoria. Comme la controverse s’éternisait, leur aïeul Numitor ayant été pris pour arbitre, on décida de laisser les dieux trancher ce différend : celui des deux frères qui, le premier, aurait des auspices favorables, fonderait la cité, lui donnerait son nom et en deviendrait roi.

XXIII, 2. Pour prendre les auspices, Romulus se plaça sur le Palatin, et Rémus sur l’Aventin ; à Rémus, tout d’abord, apparurent six vautours qui volaient ensemble, qui venaient de la gauche. Il envoya annoncer à son frère qu’il avait déjà eu l’auspice qui lui commandait de fonder la ville ; qu’il se dépêche, donc, de venir auprès de lui.

XXIII, 3. Dès qu’il fut arrivé, Romulus demanda quel avait été l’auspice, et Rémus lui répondit que, tandis qu’il prenait l’auspice, il lui était apparu six vautours groupés. « Mais moi, maintenant, je t’en montrerai douze ! » Et subitement apparurent dans le ciel douze vautours, accompagnés d’un éclair et d’un coup de tonnerre.

XXIII, 4. Alors Romulus ajouta : « Pourquoi, ô Rémus, vanter ce que tu as vu avant, quand maintenant tu vois cela ? » Alors Rémus, comprenant que le règne lui avait été soustrait : « En cette ville », s’exclama-t-il, « de nombreux espoirs et des présomptions audacieuses se réaliseront de façon très heureuse. »

XXIII, 5. Au contraire, Licinius Macer, dans son premier livre, raconte que le différend se conclut tragiquement, parce qu’aussi bien Rémus que Faustulus, qui voulaient résister, furent tués.

XXIII, 6. Au contraire, Égnatus, dans son premier livre, nie la fin tragique de Rémus, et soutient qu’il vécut plus longtemps que Romulus.



[1] Le texte ajoute : « les uns aux autres »

[2] Virgile, Énéide (VIII, 319-320)

[3] Virgile, Énéide (I, 242-243)

[4] Virgile, Énéide (VIII, 314-318)

[5] Virgile, Énéide (VIII, 321-323)

[6] Virgile, Énéide (VIII, 357)

[7] Virgile, Énéide (VIII, 358)

[8] Virgile, Énéide (VII, 45-46)

[9] Salluste, Catilina, (VI)

[10] Virgile, Géorgiques, (III, 392)

[11] Plaute, Bacchides, (666)

[12] Virgile, Énéide (VI, 232-233)

 

Janus

Pièce de monnaie à l'effigie de Janus

Statue de Janus à deux visages

Janus est l'un des plus anciens et des plus grands dieux du panthéon romain. Les mythologues ne sont pas tous d'accord sur son origine. Selon certains, Janus était indigène à Rome, où il aurait autrefois régné avec Camèse (un roi mythique). Selon d'autres, Janus était un étranger, originaire de Thessalie et exilé à Rome, où il aurait été accueilli par Camèse, qui aurait partagé son royaume avec lui. Janus aurait alors bâti une cité sur la colline (elle aurait pris le nom de Janicule, d'après celui du dieu). D'autres, encore, en font un fils d'Apollon et de Créuse.
Il fonda la ville de Janicule lorsqu'il aborda en Italie, dans le Latium en compagnie de sa femme Camisè, avec qui il aura des enfants, notamment Tiber, l'éponyme du Tibre. A la mort de Camèse, il continua de régner seul sur le Latium et il accueillit Saturne, chassé du ciel et de Grèce par son fils Jupiter. Par reconnaissance, Saturne aurait donné à Janus le don de la «double science», celle du passé et celle du futur. En effet, Janus est représenté avec deux visages tournés en sens contraires. Ovide dit qu'il a un double visage parce qu'il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre; tout s'ouvre ou se ferme à sa volonté; il gouverne la vaste étendue de l'univers.
La règne de Janus fut pacifique. On le considéra donc comme le dieu de la paix. Il est aussi la divinité des portes (car toute porte regarde des deux côtés). Le roi Numa lui fit bâtir à Rome un temple. Ce temple est orienté d'est en ouest et deux portes y donnaient accès, entre lesquelles s'élevait une statue de Janus à deux visages. Lors d'une déclaration de guerre, les Romains ouvrent les portes de son sanctuaire pour indiquer que le dieu est parti combattre, et les referment dès que le dieu est de retour, donc en temps de paix. Ce temple fut fermé une fois sous le règne de Numa, une deuxième fois après la seconde guerre punique et trois fois sous le règne d'Auguste. Janus préside aussi aux portes du ciel et les garde de concert avec les Heures.
Grâce a son double visage, Janus contrôle aussi l'orient et l'occident.
Afin de montrer que Janus est le gardien des portes et qu'il préside aux chemins, on le représente tenant d'une main une clef et de l'autre une verge. On dit aussi que Janus est l'inventeur des bateaux (qu'il aurait utilisé pour faire le voyage de Thessalie en Italie) et celui des pièces de monnaie. En effet, les plus anciennes pièces de bronze romain portaient d'un côté l'effigie de Janus et de l'autre une proue de bateau.
Janus est devenu le dieu de toute chose, celui de l'Année (il a d'ailleurs donné son nom au moi de janvier: Januarius), le dieu des Quatre Saisons (dans ce cas-là, il est alors représenté avec quatre têtes).
On dit aussi que Janus a épousé la Nymphe Juturne et qu'il aurait eu avec elle un fils, le dieu Fons (dieu des sources).
Janus était aussi un habile orateur.
Une fois mort, Janus fut divinisé. Différentes légendes se rattachent à lui, et en particulier celle qui raconte le miracle qui sauva Rome de la conquête sabine.

 

Références littéraires

Suet., II, XXII :

Ianum Quirinum semel atque iterum a condita urbe ante memoriam suam clausum in multo breviore temporis spatio terra marique pace parta ter clusit. Bis ouans (ovans) ingressus est urbem, post Philippense et rursus post Siculum bellum. Curulis triumphos tris egit, Delmaticum, Actiacum, Alexandrinum, continuo triduo omnes.

Le temple de Janus Quirinus, qui n'avait été fermé que deux fois avant lui depuis la fondation de Rome, le fut trois fois sous son principat, dans un espace de temps beaucoup moins long, la paix se trouvant établie sur terre et sur mer. Il entra deux fois dans Rome avec les honneurs de l'ovation, d'abord après la guerre de Sicile. Il célébra trois triomphes curules, ceux de Dalmatie, d'Actium et d'Alexandrie, tous en trois jours de suite.

Ov., F., I, 245-254 :

«...Arx mea collis erat quem uolgus nomine nostro
Nuncupat, haec aetas Ianiculumque vocat.
Tunc ego regnabam, patiens cum terra deorum
Esset et humanis numina mixta locis.
Nondum Iustitiam facinus mortale fugarat:
Vltima de superis illa reliquit humum;
Proque metu populum sine vi pudor ipse regebat:
Nullus erat iustis reddere iura labor.
Nil mihi cum bello: pacem postesque tuebar»;
Et clausem ostendens, «haec», ait, «arma gero».

«... Ma citadelle était la colline que le public désigne par mon nom
et que ce siècle appelle Janicule.
Je régnais au temps que la guerre supportait encore les dieux
et que les divinités fréquentaient les habitations des hommes.
La scélératesse humaine n'avait pas encore fait fuir la Justice:
elle fut la dernière des divinités du ciel à quitter la terre;
ce n'était pas la crainte mais le sens de l'honneur qui régissait sans violence le peuple:
il n'était pas difficile de rendre la justice à des hommes justes.
Je n'avais rien à faire avec la guerre: je gardais la paix et les portes»;
et me montrant la clef: «Voici, dit-il, les armes que je porte».

Sources


 

Indo-European Chronology (III period)

Comments to the table

 

            1250 BC        Phrygians come from Balkans to Asia Minor - the first Great Movement of Nations begins

After Illyrians began their movement to the south from the Danube valley, Phrygian tribes which probably came to the Balkans together with some branches of the Hellenic group were forced to leave their settlements and start the migration which was to play an important role in the whole Indo-European history.

Masses of Phrygian tribes, which lived along the Lower Danube on fertile lands and therefore could be very numerous, invaded countries inhabited by other nations, so the chain reaction of migrations started. In two centuries the East Mediterranean will be in chaos - two greatest civilizations will fall, thousands of people will change their homes and homelands, countries will be plundered. The Bronze Age was replaced by the Iron Age - the one we still live in.

Phrygians, who could make a community with Hellenic and Armenian groups of the Indo-European family, are believed to come from Asia via South Russian steppes. First they lived in the northern Balkans, contacting with Thracians, Illyrians and Doric Greeks, and now had to cross the Bosporus and to settle in West Asia Minor, among non-Indo-European tribes who lived in Troy and other towns here.

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            1250 BC        First mentioning about Lycians

The country which is named "Lukka" in Hittite documents was for sure Lycia and was situated along the southern shores of Anatolia. The name itself can be aboriginal: Anatolian people were fond of borrowing names of towns, countries and themselves from native population, Hittites got their name from Hatti, Palaic tribes - from the country and town of Pala. Lycians were a branch of Luwians, which moved westwards from Luwija and soon colonized these lands.

Their language was even less Indo-European than Luwian, with quite a lot of loanwords, agglutinative grammar features and even strange sounds which were picked up in Lycian: too many nasals, for example. The structure of the language allows us to say that it was for sure the descendant of Luwian.

Lycians are several times mentioned in Egyptian sources (under different names) as one of the "Sea Peoples" which started to act in the Mediterranean at this time. Another region in Asia Minor, Cilicia, also derives from Lycians.

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            1250 BC        Baltic peoples move north and east

Around the 15th century BC the division happened of the common Balto-Slavic ethnic group into two subbranches - Slavic and Baltic. The most ancient traces of Baltic cultures can be found along the Vistula and the Oder rivers; and now they began to migrate eastwards and northwards - until in the 13th century reached the Baltic Sea and the Daugava (Dvina) river. The archaeological discoveries show very close ties of the population here with the Vistula region in the next several centuries.

These lands, modern Lithuania, southern Latvia, northern Poland and parts of Belorussia, were at that time occupied by Finnish tribes, living on hunting and fishing. But the population was not dense in these woody regions, so Baltic peoples could find much land to settle and cultivate. The mutual contacts of Finnish and Indo-European nations led to the assimilation of Finns in the south, and vice versa the assimilation of Balts in the north. Baltic languages acquired many words, phonetic and morphological features from Finnish, which are seen even now in Lithuanian and Latvian. As for those tribes which settled in what was later Prussia, came into close contact with Slavic, thus accumulating much of the relative Slavic grammar and vocabulary.

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            1230 BC        "Sea Peoples" destroy Hittite Kingdom, invade Syria, Palestine, Egypt

The epoch of "Sea Peoples" was similar to later times of Hunns and Goths in the Roman Empire, or Vikings in the Medieval Europe. Migrations in Southern Europe and Asia Minor caused great masses of people to lead the nomadic style of life. Thousands of people took up piracy and began traveling through the sea seeking for a better country or just for plunder. The changes in the climate at that time could also be a reason for generating such a wave of sea moves.

"Sea Peoples" did not belong to the exact ethnic group, their armadas were composed of different nations. Some of them are known, according to Egyptian, Hittite documents and Greek myths; some names are unknown, they disappeared from the history. Egyptians named Hellenes (Achaeans), Carians, peoples of Asia Minor. The Bible tells about Philistines who are also considered as one of the "Sea Peoples"; Greeks tell about Lelegs and Pelasgians, and also mention Tyrsenians, future Etruscans who could come to Italy from Asia as well.

In several decades the Hittite Kingdom was raided and destroyed - it will never rise again. At that very time Mycenaean cities on Crete and Cyprus were turned into ruins and conquered. Palestine and Syria were invaded, and for a long time were struggling with aggressors. Egyptian lands in Palestine were lost - even the Delta of the Nile was partly occupied by the pirate ships, and pharaoh Pamesses III could hardly resist them. All these changes were accompanied by the Doric invasion in Greece and the fall of the Mycenaean civilization.

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            1230 BC        Achaeans conquer Troy

People long thought Homerus simply invented Troy and the famous war for it. His epic was considered as one of Greek myths, until an adventurer named Henrich Schlimann studied the Homerus's texts attentively, went to Turkey and excavated Troy from one of deserted hills.

The war described in detail in the Greek epic, must have reflected one of the episodes of the war between Asiatic shore cities and Greek polises, the war for trade profits. Triy was a rather rich and influential, so Achaeans had to struggle cruel merchant competition with it. It was evidently strong enough to resist the invasion, so Hellenic countires had to unite in order to destroy the Asiatic power of Troy. Another theory says that the Troy war was just one of "Sea Peoples" naval raids - Achaeans were one of the most active "Sea Peoples" at that time. The city of Mycenae and its king Agamemnon Atreides were joined by several minor Greek polises and made the strong force.

The siege of the city lasted ten years, according to the poem, and then was captured and destroyed. Archaeological research shows that the town was eliminated by the fire. Achaeans got the ooportunity to settle on fertile lands in West Asia Minor and to found prosperous colonies there. But it was the last military victory of Mycenaean Greeks; some 80 years later the civilization was crushed by Doric invaders.

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            1200 BC        Achaeans start migrating to Crete, Cyprus, Asia Minor

Constant pressing of Doric and Aeolian tribes from the north of Greece, economic problems and other, maybe unknown reasons force the Achaean population to leave their homes and go to neighbouring Mediterranean islands, to Asia Minor and even to Southern Italy. Probably, it was the first attempt of the future Great Greek Colonization.

Taking an important part in the Sea Peoples' piracy, Achaeans gradually settled in Crete, Cyprus, on the Aegean Islands, founded famous colonies on the Asiatic shores and developed old ones, like Miletus, Galicarnassus, Colophon and others. At the same time the Achaean military force was preparing to the invasion of Troy, the rich city in Asia Minor.

Last relics of pre-Hellenic population of islands in the Aegean and the Mediterranean were slowly assimilated by Indo-Europeans from continental Greece.

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            1200 BC        Celtic cultures in Gaul and Germania
 
From this time Celts gradually become the most powerful nation in Northern Europe. They easily and quickly spread over vast lands of France (Gaul), Germany, Low Countries, the Alps, penetrated on the Iberian peninsula. Celts were wary and numerous which helped them to conquer lands of ancient European tribes and to widen their domain.

Celtic tribes are believed to have been moving first along the Middle Danube to the west; later their cultures can be archaeologically traced in Southern Germany and in Central Gaul; Celts slowly assimilated aboriginal peoples of those regions, and neolithic cultures which flourished in Europe before Indo-Europeans came, were preserved in the 12th century BC only in the Low Rhine lands, somewhere in the Alps and on the peninsula of Brittany. The British Isles were not yet visited by the Indo-European settlers, though continental cultures - Celtic, Germanic, Baltic and Greek - developed trade contacts with the islands.
 
The Common Celtic language was at that time still very similar to its relatives Italic, Illyrian and Venetic. Besides, Celtic words and word elements were borrowed by Slavic and Germanic languages in this very early epoch.

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            1200 BC        Illyrians arrive at South Italy
 
Inscriptions discovered in south-eastern Italy, written in one of Italic alphabets, were identified as using the language similar to Illyrian. After Illyrians occupied the regions of Dalmatia and reached the Adriatic shores, they crossed the narrow sea space and found themselves in Italy.

This migration is believed to take place together with similar moves of Italic tribes from the Balkans to Italy - we mean the second Italic wave, including Osco-Umbrian peoples. Illyrians also settled on the Apennine peninsula, and lived there until they were completely assimilated by Roman settlers.

This Illyrian branch was called Messapic by ancient authors. Nowadays we can state that the Messapic language was rather different from Illyrian: first of all in lexical composition, where it shows many "italisisms". Messapic inscriptions are all of the same type - burial sacred messages, that is why the grammar basis and the known vocabulary of the language remain poor. It the 1st and the 2nd centuries AD Messapic tribes in Italy mixed with Italics, and the language disappeared.

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            1200 BC        Doric tribes invade Greece; soon they destroy the Mycenaean civilization

The next step of the Great Movement of Peoples was made in the early 13th century, when Doric tribes, representatives of the Hellenic group of the Indo-European family, began migrating south from the Balkans, to the centers f the Mycenaean civilization.

Mycenae and other cities of Greece at that time were already rather weak: overcrowded by people who could not provide enough food for themselves, deep involved and weakened in conflicts of the Mediterranean (including the most  famous of them: the Trojan War), losing many favours of the overseas trade. That is why Doric invaders were fortunate soon to destroy much of the civilization. City blocks of Mycenae were burned, and its acropolis was destroyed. Tyrinth suffered constant attacks. The king's palace in Pilos was totally destroyed and was never restored since then.

Doric peoples did not know monarchy, they used a kind of military democracy, that is why were especially fond of destroying palaces and houses of kings and nobles. Ancient city centers were avoided at that time, and people did not want to settle there. Much of the rich Mycenaean culture was, subsequently, lost, as well as the complicated Achaean alphabet, which was useless for primitive peasants. Interesting, that the Greek epic preserved some hostile attitude towards the writing itself: maybe it reflected the attitude of people to state officers, tax collectors and their records.

Doric possessed iron working, but lacked culture, art and writing. A new period of civilization began in Greece.

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            1100 BC        Thracian peoples arrive to Balkans

At this time (or even earlier) archaeological cultures which are believed to have been connected with Thracians occupy the territory of modern Romania, Bulgaria and reach the Aegean Sea. Together with Illyrians and Doric Greeks, Thracians were following Phrygians in their way south, but while Phrygians mostly preferred to cross the Marmare Sea and go to Asia Minor, Thracians remained in Europe.

Long contacts and close relations between Thracians, Phrygians and Illyrians made many linguists think that these three languages were close relatives. But that can be not true: Illyrian possesses several features that make it closer to Italic, Celtic and even Tocharic languages, Phrygian shows similarities with Greek and Armenian, and Thracian appeared to have had many common peculiarities with Balto-Slavic tongues.

Thracians spread over the fertile lands of the Lower Danube and its tributaries, and soon became very numerous. Rich gold and silver deposits were found here, and this made Thracians one of the richest and powerful nations of East Europe of that time. However, they still did not manage to create the state, and live by tribes: scientists distinguish Dacians, Paeonians, and many others.

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            1100 BC        New wave of Italics comes to Italy

This meant the last effect of the Movement of Peoples which began two centuries before on the northern Balkans. After Illyrian tribes (Messapic) found the short sea way from Dalmatia to Italy, Italics which still lived next to Illyrians also began penetrating to Italy, where their closer relatives already lived - first Italics, Latins and Faliscans, came to Italy from the north-east even about 2000 BC.

Now was the turn of this new wave, which presented Oscan and Umbrian peoples in Italy. They occupied mainly the eastern and southern regions of the peninsula, the fact which proves they did not go from the north. Osco-Umbrians migrants assimilated or mixed with aboriginal Italic tribes, partly acquiring their language features, their religion and often even their names. Picens, for example, worshipped the wood-pecker (picus in Latin), an autochthonic deity, and acquired their name from it, maybe because the real name of the tribe was too hard fro Indo-Europeans to pronounce (the same happened with Picts in Scotland). Umbrians is also a pre-Italic name. Many linguistic features in Umbrian, Picene, Volscian are strange enough to be identified as the substratum.

Some linguists think Latino-Faliscan and Osco-Umbrian subgroups are separate and do not belong to one Italic group. In this case the contacts between them must have been very intimate, to elaborate the vocabulary and the grammar so much alike.

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            900 BC        Etruscans in Italy

Despite many bright statements which can be found on the Web nowadays, the Etruscan problem remains with us, and their origin and their language classification are still unknown. If we summarize all that has been said and found about Etruscans, we can see that the majority of discoveries confirm ancient theories of their Asiatic homeland. Several historical facts, archaeological relics, words from Egyptian, Greek and Italic sources, some similarities between Etruscan and Hurrian languages, and finally the problem of the Lemnos Stele - all these are in favour of Asia Minor as the original land of Etruscans.

They came to Italy and occupied northern and partly central districts of the peninsula. Soon, due to overseas trading and contacts with higher civilizations of Phoenicians, Greeks and Egyptians, Etruscans acquired writing, invented their own alphabet and brought up their original culture, so unlike other cultures of that time Europe.

Linguists have been studying the links between Etruscan and other language families for many centuries already, but still little progress was done. One of the great mysteries of Europe still fascinates.

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            800 BC        Avesta created in Iran

The Indo-Iranian peoples may have compiled one common epic when they lived together, before the linguistic and geographical division. But the writing, and, therefore, written variants of this epic appeared much later, and in Iran this happened already in the new era. Avesta was the collection of the religious texts, the most ancient of which tell about archaic Indo-European beliefs, and later are influenced by Zoroastrism. Though Avesta was created and declared sacred in about 8th century BC, its first codification took place a thousand years later. All these years the epic existed in its oral form, and the language in which it was spoken was already dead.

Many historians believe it was Zoroastr himself who codified and tried to systematize the songs of Avesta. Anyway, this oral tradition, later written, is the most valuable sources of ancient Iranian languages. Though the most ancient Avestan texts which exist nowadays date back to the 13th century AD, no doubt that the language they use is much older.

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            753 BC        Rome is founded by Latins
 
This year Rome was born on the seven hills - this statement is not true. Already in the 9th century BC a little tribe of Italics came to this place, which was rather attractive for living: the Tiber is wide and calm here, in its mouth people discovered salt deposits, hills were fertile. The first hill to be inhabited was Palatine, where ancient relics of houses and irrigation can be found. Later on Latins settled on
Janicule, where an ancient village of aborigines existed for ages. Sabines, another Italic tribe relative to Latins, occupied Quirinale, Viminale, Esquilin. Some settlers appeared on the hill of Celius. And the seventh hill was the Capitol which was settled later.

So the ancient legends of Romul who unified Latins and Sabines are not quite true - they just mixed within these seven hills. We don't know who managed to unify all seven into one town - it must have happened synthetically and naturally, due to the increasing population which had to occupy the valley between the hills.

On the other bank of the Tiber there were lands of Etruscans, who gradually expanded their domains. In Rome Etruscan blocks of houses played an important role, practically all trade relations were conducted with Etruscans, and much of the religion was also borrowed from them. According to the traditional history of Rome, the first king was Romulus, a Latin. He was succeeded by Numa Pompilius, a Sabine, and then by Tullus Gostilius, a Latin again. The next king was a Latin again, Ancus Marcius, and in 616 BC the Etruscans take power in Rome - their leader Lucumon from Tarquinii (Lucii Tarquinii) was declared king. Since then, Etruscans ruled the city until 510 BC.

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            750 BC - 250 AD        Phrygian inscriptions
 
About 200 inscriptions found in Asia Minor, mainly in Gordion, the capital of the Phrygian kingdom, are called "Old Phrygian". They were written in an alphabet which was very close to the Greek script. As the Phrygian language is also close to Greek, a few linguists used to think at first that the documents represented a Greek dialect. Usually the written sentences are short and, as everywhere in the ancient world, were inscribed on burial stones etc. Some of them, however, tell about historical events happened in Phrygia, and about the deeds of Phrygian kings. Many inscriptions were also found on the "graffiti" pottery.

The "New Phrygian" texts date back to the 2nd - 3rd centuries AD. They were written in the Greek alphabet, and the language itself at that time was influenced strongly by Greek. There is a theory that these two periods of the inscriptions are two different languages - Old and New Phrygian. But the more common point of view is that they are only two stages of the development of the same Phrygian language.

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            750 BC        Greeks begin their Great Colonization

First Greek settlements appeared in Syria, Palestine and Cilicia already in the 9th century, but these were not colonies (apoikia) yet, but trading points (emporia) with quite small population. And about 750 BC Greek merchants from the island of Euboia founded the first Greek colony abroad - Pitecussa in Southern Italy. Soon Cumae, Naxos, Messana and Regius followed it, and the colonization became constant. The most active polises who took part in colonizing new lands were Euboian cities and towns of the northern Peloponnisos. As for Spartiats, for example, they had only one colony, Tarent, which was used as the place for exile from Sparta.

By the beginning of the next century all the South Italian coast was occupied by numerous Greek colonies. In 734 Corinthians founded Syracuse in Sicily, which later became the most powerful and rich of all Greek colonies in the Mediterranean. Soon colonies became so rich that in their turn settled in new settlements. That is how citizens of Cumae founded NeaPolis (New City). Asiatic colonies sent expeditions and settled on the Black Sea shores, and even reached the Caucasus.

The Greek presence in foreign lands couldn't help influencing the life of aboriginal peoples. The most strong Greek influence took place in Asia Minor, where languages of the Anatolian group were borrowing many Greek words. The same thing can be said about Italic tongues.

Map of Hellenic languages


            738 BC        Phrygian Kingdom founded in Asia Minor

Midas, a Phrygian leader, married with a Greek woman, united all Phrygians, gained control over vast treasuries, and founded the Phrygian kingdom. He built a city in the center of the country, named Gordion, famous for its giant city walls, even now seen from the sand.

Successful wars and diplomacy allowed Midas to create a real power in Anatolia. He concluded an alliance with Lydians, who lived to the south from Phrygia, subjugated neighbouring tribes and stopped the expansion of the Assyrian Empire. In 709 BC Midas and Sargon II of Assyria signed a peace treaty. Midas sponsored arts, writing and construction in his country, and Phrygian inscriptions preserved very grateful attitude towards him.

But already in 730 BC the kingdom faced a new threat - nomadic Cymmerians from the Steppes.

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            730 BC        Cymmerians invade Europe and Asia and reach Pannonia and Lydia

Hordes of horseback nomadic tribes which were called Cymmerians by Greek authors first showed what is so terrible about the Asiatic nomads in Europe. At that time Central Asia was beginning to suffer shortage of food for people and cattle because of the global temperature rising, so since then masses of peoples from Asia began their gradual expansion to both to Europe and to China where they could pillage or settle. Another reason for migrations was the struggle among nomadic peoples, for example, historians believe that Cymmerians were pushed from Central Asia by Scythians.

Cymmerians were the first. This people of Iranian origin, which came to the Caspian steppes from the south, now moved west and invaded Eastern Europe, where they had to fight with Thracians and Illyrians in Pannonia, and Asia Minor, where they came via the Caucasus. In Anatolia, Cymmerians were first paid tribute and used as mercenary troops for different empires (the usual Empires' way of treating nomads), but later decided to demand more (see later).

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            720 BC        Armenian Kingdom

This year the Assyrian chronicle first mentions the mountainous country named Khaiasa in northern Mesopotamia. This is believed to be the first mentioning of Armenians who lived here for ages. Armenian peoples used to be too weak to found their own state, and therefore had to survive under the Assyrian supremacy. But as the power of the Assyrian Empire was declining, Armenians who called themselves "Khai" were unified by several legendary kings of the tribe named "Armi" and therefore started to play an important role in the history of the Middle East.

In the 7th century BC Armenians became quite numerous and spread over the western Anatolia and lands along the Upper Euphrates. They assimilated Hurrians and Urartian, neighbouring nations, and founded a kingdom which was long vassal to Media, and then to Persia but in fact independent.

The Armenian language, close to Greek, Phrygian, and Indic, preserved its original structure and vocabulary. As well as the religion of Armenians, their language borrowed a lot from Urartian and Hurrian, however laving untouched the vocabulary, which remained quite Indo-European.

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            700 BC        Lydian Kingdom founded in Asia Minor

Lydia and its population was mentioned already by Homer as Maeonians. Sardis, the capital of the country, probably was founded even before Anatolian peoples came from the Hittite Kingdom here to the West Asia Minor. Lydians mixed with the aboriginal population and developed their own language descended directly from Hittite, though with some significant innovations and changes.

Vast deposits of gold in Lydia near the rivers Galis and Meandros, and the trade on naval and surface ways from Europe to Asia made Lydians a rich people, and this fact encouraged the development of the monarchy here. Until Phrygia was strong enough to control all Asia Minor, Lydian kings had to live as Phrygian satellites. But now, as the Phrygian kingdom was deeply involved into wars with Cymmerian invaders, Aliattus, the king of Lydians, proclaimed independence. After the fall of the Phrygian state, Lydia became the most powerful country in the region.

At this time the first Lydian texts appear, written in a kind of the Greek alphabet with some diacritics for special sounds.

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            700 BC        Median Kingdom founded in Iran

The Ancient Persian and Greek tradition follows the theory that Medians came from the north to Iran, being one of the branches of Scythians. But in the 8th century they mixed with other Iranian tribes living in what is now Kurdistan and Azerbaijan, and became a numerous and strong nation. Medians were illiterate and uncivilized, they had only several cities, but were wary enough to resist the Assyrian Empire, and finally in 625 BC together with Babylonians managed to crush the Assyrian power.

The king named Kiaxar of Media quickly expanded the borders of his kingdom, conquering Iran, Northern Mesopotamia, even lands along the Indus and Asia Minor. As a result of long wars with Lydia in Anatolia, Media set its borders with Lydia at the river Galis. But endless wars and the weak administrative and economic system was a fatal disadvantage for the kingdom.

Medians failed to influence any of peoples conquered by them. When the kingdom was destroyed, Medians soon disappeared, and two centuries later no one could even tell what the Median language looked like, for very few inscriptions and documents were left from them. The biggest state of the period, Media was fated to disappear.

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            690 BC        Cymmerians destroy the Phrygian Kingdom

Several attempts of Phrygians to crush the nomadic power of Cymmerians appeared unsuccessful, and this year nomads eliminated the Phrygian kingdom, destroyed and pillaged its capital Gordion, and legendary king Midas had to commit a suicide.

Cymmerians were probably allied with Lydians whose country was not touched by the nomadic wave. Lydians were in hostile relations with Phrygia, so much of its territory now was occupied by Lydia. But Phrygian peoples were not eliminated, and Phrygian inscriptions still appear in Asia Minor.

As for the Cymmerians, they did not know yet that their fate was already prepared. Lydian, Median and Babylonian ambassadors were quickly moving to the Caspian Steppes to call another power to destroy the Cymmerian strength in Asia.

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            675 BC        Scythians arrive to Asia and eliminate Cymmerians

A new wave of nomads came from Central Asia. Scythians crossed the Caucasus and appeared in northern Iran and in Asia Minor. They had to play the decisive role in the political and ethic processes which were going on in the Near East at that time. The political balance between powers was too complicated to exist for long: the power in Asia was divided between the moribund Assyrian Empire, the increasing strength of the Median Kingdom, Lydia, the New Babylon Kingdom and Egypt.

After Cymmerians destroyed Phrygia, they were becoming stronger and stronger. Kingdoms no longer wanted to accept them as mercenary troops, and were glad to remove Cymmerians somehow from Asia. Moreover, a strong alliance of Media, Babylon, Elam and Lydia against Assyrians was not powerful enough to crush the Empire. That is why a lot of states were interested in the Scythian help, and Scythians came.

In 655 Cymmerians were eliminated, and disappeared from Asia, leaving only terrible memories. But Assyrians managed to bribe Scythian leaders, and they refused the Babylonian proposal to destroy Ninevia, the Assyrian capital.

Scythians were maybe not quite Indo-European peoples, but a mixture of nations of Central Asia, including some Turkish and Altaic element. Their language, though remaining Iranian, carried a lot of borrowed non-Indo-European features. The Scythian language influenced many tongues of Asia and Europe, including Slavic, Thracian, Baltic, and Iranian.

More about Scythian language


            650 BC        Celts settle in Britain and Ireland

This is not the exact date of the Celtic emergence on the British Isles. But around this time Celtic settlements begin to appear in southern Britain.

In the 9th and 8th centuries BC the "urn culture" occupied much of Western Europe, though not touching Northern Spain, Brittany and England. The Celts were multiplying quite fast, and therefore needed new lands to settle. Small groups of Celtic migrants arrived in Britain and occupied its fertile lands. In the 7th century BC cultural and economic ties between continental Europe and Britain become closer, but while in Europe the Celts continue their fast development and generate the material culture of Halstadt, the British Isles begin to fall behind this development - the Channel leaves insular Celts in isolation.

The Celtic coming to Britain and later to Ireland, where they came into close contact with the Picts and other aboriginal tribes of the islands, marks the important event in the Indo-European history: now the languages of this family occupy all Europe and the part of Asia which remains Indo-European today. Reaching the westernmost regions of Europe, Indo-Europeans had to stop, and a new period of their chronology begins.

Map of Celtic languages
Picts and Pictish language


la langue cananéenne qui, teintée de tournures araméennes ,devient l’hébreu de la Bible,la culture littéraire du II e millénaire (qu’il s’agisse de poèmes ougaritiques ou du fond mésopotamien)  et même certains qui cosacrent les pratiques agricoles.

Mais le clergé des douzes tribus les empëchent d’adopter les sacrifices d’enfants et les cérémonies magiques et licencieuses de la fécondation du sol,chers aux sémites de Syrie

JANICULE

Rome au Crépuscule depuis le Janicule.

 

L'une des sept collines de Rome, située sur la rive droite du Tibre et qui était consacrée à Janus.

http://www.arnaudfrichphoto.com/e_europe_rome.htm

Vue du Janicule

Vue du janicule 1

 

5)Le Janicule et sa forteresse

 

Poursuivons encore notre promenade et laissons-nous conduire vers la ligne d’horizon et la lumière de Rome. Cette montagne qui se dresse au milieu de la toile, c’est le mont du Janicule dans son état primitif, surmonté de constructions antiques, édifiées à l’emplacement du temple d’Isis. La forteresse du roi Sabin Ancus Martius, percée des deux portes de Janus était déjà en ruines à l’époque de Pline. Ses restes, mêlés peut-être à d’autres constructions médiévales demeurèrent encore visibles, du moins jusqu’au XVe siècle au sommet de la colline. Il est à remarquer qu’ici, Poussin n’a pas fait une oeuvre entièrement originale...

 

Elevé à l’école de Raphaël et nourri des oeuvres de ce dernier pour lequel il eut toujours la plus profonde admiration, il a probablement reproduit la montagne couronnée de ruines qui compose le fond du tableau de la „Transfiguration“ peint en 1517. Raphaël fut nommé en 1515 commissaire des antiquités. Vers 1518-1519, il supplia Léon X de sauvegarder les vestiges antiques. Il proposa en ce sens d’effectuer leurs relevés exacts, la coupe et l’élévation de ces monuments.

 

En 1520, Raphaël a commencé son travail et Rome se voit rétablie en majeure partie de sa figure antique, en son pourtour primitif et dans les proportions de ses parties diverses. Dans ce but, Raphël a fait entreprendre des fouilles à l’intérieur des collines et des fondations profondes et les résultats concordent avec les descriptions et les dimensions fournies par les auteurs anciens. Le plan de Raphël comprendrait 16 feuilles(8)..., les 16 régions de la Rome antique!

 

Ce sont ses amis et élèves qui vont en partie réaliser son voeu: 1527, plans „Antiquates Urbis“ de Andrea Fulvio; 1544, „Urbia Romae Topographia“ de Bart Marliano; 1518-1519 sur les bases et fondations antiques, Turini fit construire une villa...du nom de Lante(9). Les décorations furent exécutées par les élèves de Raphaël. Cette demeure achetée et restaurée, appartient depuis 1948 à l’ambassade finlandaise. C’est en 1656, que le Vatican fit applanir cette colline du Janicule pour en faire un jardin d‘agrément. Ces travaux se sont terminés en même temps que les rénovations du château Saint-Ange en 1659.

 

Au pied du Janicule, un bosquet d’arbres symbolise peut-être le bois de chêne vert qui recouvrait dans l’antiquité les monts du Vatican et où naquit le culte de la nymphe Furrina, divinité des bois sacrés et d‘une source, dont l’eau coule vers le devant de la toile, entre les rochers, les arbres et les fleurs...

 

Samothés, dit Janus – Mont Tabor, Tarentum

Foto8

 

Nous sommes vers les années 1650-1660, au moment où Rome resplendit au milieu de ses nouveaux palais. Des bâtiments à gauche de la cour d’honneur du Vatican vinrent prendre place, là où subsiste le dernier vestige de ce bois sacré. Au pied du Janicule, près du Vatican, Pline parle d’une yeuse „chêne vert“ plus vieille que Rome. Plus tard, on planta une vigne, qui rendit un vin au goût de vinaigre, dont disait Martial. „Boire le vin du Vatican, c’est boire du poison(10)“.

 

Les maisons de Rome furent couvertes avec des bardeaux jusqu’à la guerre de Pyrrhus, pendant 470 ans. Il est certain que des forêts remarquables étaient répandues dans son enceinte. Aujourd’hui encore le nom de Jupiter Fagutal indique l’emplacement d‘un bois de hêtres... des chênes étaient à la porte querquetulane... on allait chercher des osiers à la colline vitimale... et, tant de lieux où se trouvait un bois et même deux. „Après la retraite du peuple sur le Janicule, an de Rome 367, D. Hortensius dictateur, porta dans l’Escalatum „bois de chênes“(11).

 

Enfin, au pied du Janicule sur la droite, une ligne horizontale plus sombre barre le paysage. C’est vraisemblablement le canal construit à l'époque impériale pour alimenter les bains d'Agrippa. Les vestiges de ce canal furent mis à jour lors des aménagements de ce jardin. Quelques restes de monuments sacrés s’élèvent au milieu d‘une campagne paisible. Au-delà de cette colline, c’est l’histoire de tout un quartier de la Rome antique qui se déroule sous nos yeux, telle quelle se présentait dans l’imagination de l’artiste.

 

Le «parking de Dieu», lui, a vu le jour

Urbanisme. Il y a cinq ans, la Ville éternelle s’apprêtait à construire à tort et à travers.

Rome: Jean-Claude Berger

Miracle! Le Pont Sixte (Ponte Sisto) vient enfin d’être débarrassé de ses échafaudages, après avoir été méchamment corseté pour les besoins d’une restauration qui durait depuis si longtemps qu’elle avait fini par se faire oublier. Même les plus acharnés avaient renoncé à s’indigner… Le plus beau pont de Rome a également été débarrassé des deux passerelles métalliques dont on l’avait flanqué à la fin du siècle dernier. La course contre la montre jubilaire a fait des miracles.
On ne pouvait tout de même pas entrer dans l’imminente année sainte en laissant le seul pont jamais jeté sur le Tibre par les pontifes avant Pie IX dans un tel état d’abandon, ni laisser ces irrespectueuses tonnes de ferraille noir suie offusquer ce lumineux chef-d’œuvre de la fin du Quattrocento. Le Pont Sixte a été construit par Sixte IV pour permettre aux pèlerins du jubilé de 1475 d’accéder facilement à Saint-Pierre. La mobilité (comment faciliter le chemin des fidèles dans leurs pèlerinages aux basiliques jubilaires?) et la fluidité (comment favoriser l’écoulement des masses jubilaires dans les rues de Rome soudain envahie?): ces problèmes concrets, tous les papes ont dû les affronter.
Il faut revenir à Boniface VIII. Que fait-il en 1300? Il consacre une pratique séculaire spontanée, populaire, le pèlerinage à Rome, qu’il érige en Jubilé universel, et de ce fait replace l’église au milieu du village, c’est-à-dire Rome au centre du monde. Isidore de Séville précise que «le mot jubilé doit être interprété comme un pardon», c’est-à-dire comme une promesse de régénération, de renaissance, et c’est précisément ce que devient dès lors la Rome jubilaire, le lieu par excellence de la régénération, avec une périodicité qui va s’écourter peu à peu. La récurrence jubilaire va en quelque sorte rythmer la vie de la ville et surtout son développement, qui connaîtra des phases de puissant dynamisme alternant avec des moments de stase.
Tous les papes, sans exception, prépareront longuement le jubilé, qui leur donne chaque fois l’occasion d’ouvrir des chantiers en se lançant dans de vastes programmes artistiques, architecturaux ou urbanistiques. Chaque jubilé stimule la production d’une image «rénovée» de Rome, conformément à une idéologie parfois fort savante où ville temporelle et ville spirituelle ne font qu’une. Chaque pape veut, à l’occasion de cette «mise en vitrine» doctrinale, marquer la ville de l’empreinte de son règne à la fois temporel et spirituel. Sixte V est mort avant le jubilé de 1600, mais il y a travaillé pendant les cinq ans de son règne et a profondément marqué la ville en lui donnant une configuration si puissamment idéologique qu’il est aujourd’hui encore difficile de se promener dans Rome sans dialoguer avec la symbolique sixtine, incrustée dans la topographie et dans les pierres.
Les jubilés ont souvent ressemblé à des invasions, surtout les premiers, tous les chroniqueurs le disent. C’est précisément ce que l’on redoute aussi à la veille du jubilé de l’an 2000: que Rome soit envahie par 20 ou 30 millions de pèlerins… Le maire avait donné un élan à la mesure de son enthousiasme en présentant, il y a cinq ans, son projet de «renaissance» de la ville. On allait construire 400 kilomètres de voies ferrées, pas moins de 7 lignes de métro et des lignes de tram. Pas un seul de ces ouvrages ne sera réalisé. Ils devaient être financés par l’Etat italien, qui avait débloqué en son temps 3500 milliards de lires (près de 3 milliards de FS!). Cette somme ne sera donc pas entièrement dépensée, du fait de ces abandons.
On allait aussi enfin désengorger les alentours du Château Saint-Ange en creusant un passage souterrain. Une année de polémiques, et pas le moindre coup de pioche! Le seul souvenir que laissera ce jubilé, ironisait un urbaniste de renom, c’est le «parking de Dieu», le gigantesque ouvrage de six étages que le Vatican a construit à l’intérieur de la colline du Janicule, une terre chargée d’histoire qui renferme des vestiges romains (la maison d’Agrippine), hébraïques et chrétiens. Ce territoire lui ayant été cédé, le Vatican n’avait pas à tenir les archéologues italiens au courant du déroulement des travaux. Et il ne l’a pas fait.
L’évidage de la colline une fois achevé, il restait à construire les rampes d’accès, et c’est sous l’une d’entre elles, en territoire italien cette fois, que l’on a mis au jour une, puis deux, puis trois pièces décorées de fresques, qui appartiennent certainement à une villa romaine du IIe siècle après J.-C. Que faire? Renoncer au parking à quelques mois du jubilé? Ou lui sacrifier un morceau du patrimoine archéologique? Les deux: on achèvera la rampe en sauvegardant les vestiges, in situ ou ailleurs.
Cela dit, on ne saura jamais ce que la construction du «parking de Dieu» a fait disparaître. Lorenzo Bianchi, archéologue et auteur d’un ouvrage sur le site, est un des premiers à avoir crié au massacre en montrant le Vatican du doigt. Il estime que «le parking du Janicule a provoqué des dégâts incalculables. Ce sont justement ceux qui en avaient la garde qui ont détruit ce patrimoine, avec une indifférence et une obstination qui font peur.» Tout ça pour une centaine d’autobus et un demi-millier de voitures.

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