5.1 Le traité de Versailles de 1919
Le traité de Versailles de en juin 1919 accorda à la Pologne
une bande de territoire étroite (le «couloir de Dantzig»), qui s’étendait le
long de la Vistule jusqu’à la Baltique, ainsi qu’une grande partie de la
Posnanie et de la Prusse occidentale. Après une guerre contre la Russie
soviétique en 1920, la Pologne récupéra ses territoires historiques de
Biélorussie et d’Ukraine. Les Polonais acquirent également plusieurs
territoires de la Haute-Silésie en 1921 et en 1922. Mais la Pologne élabora une
politique étrangère axée principalement par la crainte que lui inspiraient
l’Allemagne et l’Union soviétique.
En 1932, elle conclut avec l’Union soviétique un pacte de non-agression. En 1934, un accord similaire, prévu pour une durée de dix ans, fut signé avec l’Allemagne. Ces deux derniers traités garantirent les frontières de la Pologne. En politique intérieure, l'adoption d'une constitution permanente (en mars 1921) révéla que la Pologne était incapable de protéger les droits économiques et politiques des Juifs, Ukrainiens, Biélorusses, Allemands et autres minorités linguistiques, ce qui provoqua des agitations et des conflits constants. En 1924, le gouvernement polonais concéda quelques droits pour répondre aux exigences de certaines de ces minorités.
5.2 L'agression allemande
À la fin des années trente, le triomphe du national-socialisme en Allemagne et la politique expansionniste d’Adolf Hitler représentèrent un grave danger pour la sécurité de la Pologne. Après les accords de Munich et l’anéantissement de l’État tchécoslovaque qui leur a fait suite en mars 1939, la Pologne, qui s’est vu accorder quelque 1000 km2 du territoire tchèque à Munich, devint la nouvelle cible principale de la diplomatie allemande. Les Allemands exigèrent que la Pologne consente à leur céder Dantzig et qu’elle leur accorde des droits importants sur le fameux «couloir». Après le refus des Polonais, les Anglais et les Français assurèrent la Pologne de leur appui en cas d’agression allemande. Le 28 avril, Hitler dénonça le traité germano-polonais de non-agression. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaquait la Pologne après avoir signé un pacte avec l’Union soviétique, ce qui déclencha la Seconde Guerre mondiale.
L’armée polonaise ne reçut aucune aide réelle des Occidentaux. Le 17 septembre, les troupes soviétiques envahir l’est de la Pologne, et les deux envahisseurs se partagèrent le territoire polonais. Des représailles considérables furent exercées contre les Polonais dans la zone d’occupation allemande, alors que dans la zone d’occupation soviétique des milliers de Polonais furent déportés en Sibérie. En 1940, les services de sécurité soviétiques assassinèrent des milliers d’officiers polonais faits prisonniers.
Entre-temps, un gouvernement en exil, avec à sa tête le général Wladyslav Sikorski, fut mis sur pied en France. Au lendemain de la défaite de la France en 1940, le gouvernement polonais établit son quartier général à Londres. En 1941, les forces armées allemandes envahirent tous les territoires polonais occupés par les Soviétiques.
5.3 La politique d'extermination nazie
Pendant leur occupation du pays, les Allemands pratiquèrent une politique d’extermination systématique des Polonais, en particulier des juifs polonais, dont la plupart périrent à Auschwitz (Oswiecim), Treblinka, Majdanek, Sobibór et dans d’autres camps de concentration disséminés à travers tout le pays. La concentration des Juifs dans le pays aura été l'une des raisons pour lesquelles la Pologne a été choisie par l'Allemagne nazie pour y pratiquer la «solution finale». À la fin de la Seconde Guerre mondiale, total estimé de victimes civiles atteignit cinq millions (soit 18 % de la population d'avant la guerre), dont la plupart sont à attribuer aux Allemands. Quant aux pertes militaires de la Pologne, elles atteignirent quelque 600 000 hommes. Puis l'armée soviétique libéra la Pologne des Allemands.
Lors de la conférence de Potsdam, qui se tint en août 1945 après la reddition allemande, les Alliés placèrent sous administration polonaise la Basse-Silésie, la Haute-Silésie, la Poméranie, la Mazurie, la Ville de Dantzig et des parties du Brandebourg allemand, en attendant les conclusions d’un traité de paix définitif. La frontière orientale de la Pologne fut fixée par le traité conclu entre les gouvernements polonais et soviétique le 16 août 1945. Toutefois, la frontière soviéto-polonaise fut établie bien plus à l’ouest que la frontière d’avant-guerre (soit 225 km vers l'ouest), la Pologne ayant dû céder ses régions agricoles de l'est au profit de l'Union soviétique (aujourd'hui une partie de l’Ukraine et de la Biélorussie). La Pologne obtint en retour des territoires allemands plus industrialisés dont un long littéral sur la mer Baltique; la ville de Dantzig devint Gdansk.
6 La Pologne communiste
Après la guerre, le poids des socialistes et des communistes au sein du gouvernement polonais s’accrut de façon continue. Lors des élections législatives de 1947, la coalition des deux principaux partis emporta plus de 85 % des voix. À partir de septembre 1948, le Parti ouvrier polonais exclut des milliers de prétendus «communistes nationalistes». En décembre, les socialistes et les communistes fusionnèrent pour former le Parti ouvrier unifié (POUP) dominé par les communistes staliniens.
6.1 La période stalinienne
En 1949, le maréchal soviétique Konstantine Rokossovsky fut nommé à la tête des forces armées polonaises. Dès lors, les dirigeants communistes prosoviétiques tentèrent de fixer à la Pologne des objectifs industriels et économiques conformes au système économique et social de l’Union soviétique. Les autorités soviétiques déclenchèrent un conflit important entre l'Église catholique lorsqu'elles confisquèrent de nombreuses propriétés de l’Église et ordonnèrent la fermeture des établissements scolaires confessionnel. Dans les années cinquante, le gouvernement s’arrogea même le droit de superviser la nomination des prêtres, qui durent tous lui prêter serment de fidélité. Le cardinal Stefan Wyszynski, archevêque de Varsovie et de Gniezno, s’opposa à cette mesure, ce qui lui vaudra d'être suspendu de ses fonctions et incarcéré en 1953. En 1952, la Pologne adopta une constitution calquée sur celle de l’Union soviétique tout en reconnaissant explicitement certains droits à la propriété privée.
Au cours de cette période dite stalinienne, la langue polonaise fut grandement marquée par le russe. Le néologisme nowomowa (pour «nov-langue» ou «nouvelle langue») fit son apparition pour désigner les nombreux emprunts au russe et, de façon générale, la langue de bois des représentants du Parti communiste. Cette influence du russe entraîna un courant littéraire éphémère en Pologne, mais qui tenta de s'imposer et qu'on a appelé le «réalisme socialiste». C'est à cette époque que le vouvoiement à la russe (wy), alors prôné par la nomenklatura soviétique, remplaça progressivement la formule de politesse à la troisième personne (pan «Monsieur» pani et «Madame» en usage en polonais.
6.2 Les tentatives de réformes
Après la mort de Staline en 1953, des artistes, des
intellectuels, des étudiants et des ouvriers polonais élevèrent la voix pour
exiger des réformes gouvernementales et une plus grande liberté du pays par
rapport à l’Union soviétique. De hauts responsables staliniens furent démis de
leurs fonctions et le cardinal Wyszynski fut libéré. Au printemps 1968, le
mécontentement populaire se manifesta encore en Pologne, notamment dans les
universités du pays. Les étudiants réclamaient des réformes libérales
semblables à celles consenties par les autorités tchécoslovaques. Pour étouffer
la contestation, le gouvernement polonais lança une campagne antisémite. Des
centaines de juifs et de réformateurs furent démis de leurs fonctions au sein
du gouvernement, du parti, de l’université et des journaux; un grand nombre
d’entre eux quitta le pays pour l’Ouest ou Israël. Le 20 août, la Pologne prit
part à l’invasion de la Tchécoslovaquie menée par les forces du Pacte de
Varsovie (sous la direction des Soviétiques) en fournissant un contingent
estimé à 45 000 hommes.
Au début des années soixante-dix, de graves problèmes économiques incitèrent le
gouvernement à modifier sa politique étrangère, notamment à l'égard de la
prospère République fédérale d’Allemagne (RFA). Finalement, la RFA accepta
formellement la perte des 100 000 km2 récupérés par la Pologne sur
le territoire allemand à la fin de la Seconde Guerre mondiale et
l’établissement de la «ligne Oder-Neisse» comme frontière occidentale de la
Pologne. Pour sa part, la RFA reçut l’assurance que les résidents polonais qui
réclamaient la nationalité allemande (estimés à plusieurs dizaines de milliers)
obtiendraient l’autorisation d’émigrer. Les deux parties complétèrent leur
normalisation par la ratification d’un traité en mai 1972.
6.3 Le syndicat Solidarité
À la fin des années soixante-dix, la crise économique prit des dimensions
considérables. Les ouvriers polonais, surtout ceux des ports baltes de Gdansk,
Gdynia, et Szczecin, organisèrent des manifestations qui tournèrent à l’émeute,
à l’incendie et au pillage. L’état d’urgence fut déclaré pour une semaine et la
répression s’abattit, provoquant la mort de nombreuses personnes. Mais les
visites faites par les présidents américains Richard Nixon en 1972, Gerald Ford
en 1975, puis Jimmy Carter en 1977, symbolisèrent ouvertement l’amélioration
des relations avec l’Occident. Au cours de cette période, la Pologne commença
le rapatriement de quelque 125 000 personnes d’origine allemande vers la
République fédérale d'Allemagne. Toutefois, le niveau de vie des Polonais se
détériora et, à l'été de 1980, des centaines de milliers d’ouvriers réagirent à
une sévère hausse des prix alimentaires en se mettant en grève. En août, le
pays fut paralysé: pendant trois semaines les ouvriers de Gdansk et d’autres
ports de la Baltique menèrent des grèves d’occupation dans les chantiers
navals; ils présentèrent leurs exigences politiques. Les autorités communistes
durent faire des concessions sans précédent aux ouvriers. Il s’agissait, entre
autres, du droit de grève, de l’augmentation des salaires, de la libération de
prisonniers politiques et de la suppression de la censure. La reconnaissance du
droit de constituer des syndicats indépendants conduit à la mise sur pied de la
Fédération Solidarité à la mi-septembre (10 millions de membres).
Dans ce mouvement pacifiste dirigé par un leader charismatique, Lech Wałesa, toute la société se retrouva, d'où son efficacité. Malgré le dernier sursaut violent du régime (le coup de force du général Wojciech Jaruzelski qui déclara l'«état de guerre» le 13 décembre 1981, interdit Solidarité et emprisonna Wałesa), la société polonaise , soutenue spirituellement par Karol Wojtyła, «son» pape (Jean-Paul II), ne se soumit guère. En 1983, la loi martiale fut levée, mais les autorités polonaises continuèrent d'exercer une grande partie des pouvoirs d’exception. Le gouvernement Jaruzelski relâcha progressivement la pression et tenta d’introduire des réformes économiques. Celles-ci ne parvirent pas à emporter un soutien populaire suffisant, et ne furent jamais menées à terme.
6.4 La fin de l'Union soviétique
La Pologne sortit de l’impasse politique et économique grâce à la nomination de
Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’Union soviétique en 1985 et à la
libéralisation de la politique soviétique qui en résulta. Des libertés
politiques et civiques furent concédées, puis Solidarité redevint légal. Lors
des élections législatives de 1989, Solidarité emporta 90 % des sièges du Sénat
ainsi que 160 des 161 des sièges qu’on lui a permis de briguer à la Diète. En
août, Tadeusz Mazowiecki, un proche collaborateur de Wałesa, forma un
gouvernement de coalition dans lequel les communistes eurent en charge les
ministères de la Défense et de l’Intérieur. Mazowiecki, premier premier
ministre polonais non communiste en plus de 40 ans, démantela le système
communiste et renforça la transition démocratique.
7 La Pologne démocratique
En 1990, Solidarité se scinda en deux groupes l’un
soutint Wałesa et l’autre Mazowiecki. En novembre, Lech Wałesa
l’emporta, mais la «petite Constitution» de transition adoptée en 1992 mit en place
une distribution ambiguë des pouvoirs respectifs du président, du premier
ministre et du Parlement. Par exemple, la représentation proportionnelle
adoptée pour les élections de 1991 aboutit à une Diète composée de membres
d’une douzaine de partis politiques d’importance significative, ce qui entraîna
une succession de coalitions parlementaires éphémères. Le système électoral
adopté pour les élections de septembre 1993 fixa un seuil minimal de 5 % des
suffrages (8 % pour les coalitions) à l’obtention de sièges et clarifia la
situation politique: seuls six partis furent représentés à la Diète. Lors de
l’élection présidentielle de novembre 1995, Lech Wałesa, qui s’était
discrédité auprès des Polonais à cause de ses échecs personnels et de ses erreurs
politiques, fut battu par Aleksander Kwasniewski, un ancien communiste et
dirigeant fondateur de Solidarité. Kwasniewski s’engagea à poursuivre le
processus de réforme économique et à faire en sorte que la Pologne devienne
membre à part entière de l’Union européenne et de l’OTAN.
En 1997, une commission parlementaire extraordinaire, dominée par d’anciens
communistes, acheva la rédaction d’une nouvelle Constitution qui fut approuvée
par quelque 52 % des votants. Nombre de ses dispositions sont conformes aux conditions
d’adhésion exigées par l’Union européenne et l’OTAN. De fait, la Pologne fit
partie de la première vague d’élargissement de l’OTAN, à laquelle elle fut
admise en mars 1999. Le gouvernement mena une politique résolument
pro-européenne, soutenue à une courte majorité par la population et le
Parlement. La Pologne adhéra à l'Union européenne en 1999. En octobre 2000,
Alexandre Kwasniewski fut réélu à la présidence du pays au premier tour de
scrutin; Lech Wałesa n'obtint que 1 % des voix et arriva en septième
position. Cela dit, les secteurs les plus importants de l'État demeurent
toujours aux mains des dignitaires de l'ancien régime communiste. Il n'y a
jamais eu de programme d'épuration en profondeur de la fonction publique, mais
les Polonais croient que l'adhésion à l'Union européenne va mettre fin à la
corruption en raison des pressions de Bruxelles.
Au cours de son histoire, le pays a traversé des phases successives de puissance et de déclin, allant même jusqu'à disparaître en tant qu'État pendant plus d'un siècle. Au cours du Moyen Âge, le latin servit de langue véhiculaire et fut employé par les serviteurs de la Couronne, l'Administration et l'Église catholique. Contrairement à d’autres pays voisins, l'alphabet latin, plutôt que l’alphabet cyrillique, fut adopté pour écrire le polonais. Afin de pouvoir transcrire les sons complexes de la langue polonaise, certains groupes de consonnes et de signes diacritiques (points, accents, etc.) furent ajoutés à certaines lettres.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le pays a
subi des transformations profondes dans ses frontières, ses structures, sa
population et son économie. La Pologne est devenue une république démocratique
en 1989. Ce fut le premier pays du bloc de l'Est à se doter d'un gouvernement
libéral, après 42 années de régime communiste.
Pologne,
Histoire:
1241/1242 - Les Mongols envahissent la Pologne
et dévastent plusieurs régions.
1386/1434 - Sous le règne de Ladislas II
Jallegon, la Pologne s'allie avec la Lituanie, association qui permet au
royaume de multiplier par cinq son territoire. Cette alliance dure quatre
siècles.
1466 - A l'issue de la guerre de Treize ans
contre les chevaliers Teutoniques, la Pologne étend son empire de la mer
Baltique à la mer Noire. C'est le plus grand Etat en Europe.
1543 - Nicolas Copernic publie son traité Des
révolutions des sphères célestes, dans lequel il affirme que la Terre
tourne autour du Soleil.
1548/1572 - Règne de Sigismond II Auguste,
considéré comme l'âge d'or de la Pologne.
1655/1660 - Au cours des invasions suédoises,
qualifiées de "Déluge" dans l'histoire polonaise, le pays est amputé
du quart de sa superficie.
1773 - Après une lente agonie, la royauté
polonaise sombre sous les coups de boutoir de ses puissants voisins. La Diète
est obligée de ratifier le partage d'une partie substantielle de son territoire
entre la Russie, l'Autriche et la Prusse. Après plusieurs insurrections, le
pays est définitivement rayé de la carte en 1795.
1807 - Napoléon crée (jusqu'en 1813) un grand
duché de Varsovie.
1918 - Le maréchal Jozef Pilsudski prend le
commandement à Varsovie et proclame l'indépendance de la Pologne, ratifiée par
le traité de Versailles de 1919.
1939 - En dépit des pactes de non-agression
signés avec la Pologne, mais conformément au pacte signé entre Berlin et
Moscou, Hitler lance ses troupes à l'assaut du pays le 1er septembre et Staline
le 17.
1943 - En avril, soulèvement du ghetto de
Varsovie.
1944 - En août, Varsovie se soulève. 200 000
Polonais sont tués dans la répression nazie qui suit.
1945 - Les frontières de la Pologne actuelle
sont fixées aux conférences de Potsdam et de Yalta. La Pologne entre dans la
sphère d'influence soviétique.
1956 - Grève des ouvriers à Poznan réprimée
sévèrement par le pouvoir (70 morts). Gomulka est nommé à la tête du pays pour
désamorcer les tensions.
1970 - Les difficultés économiques
s'accumulent. Vague de grèves à Gdansk. Gomulka est remplacé par Gierek.
1978 - Election de l'archevêque de Cracovie,
Karol Wojtyla, comme pape. Celui-ci effectue une tournée triomphale dans son
pays natal l'année suivante.
1980 - Au mois d'août, déclenchement d'une grève
aux chantiers navals de Gdansk qui aboutit à la naissance de Solidarité dirigé
par Lech Walesa.
1981 - Le 13 décembre, le général Jaruzelski
décrète l'état de guerre. Walesa et les principaux dirigeants de l'opposition
sont emprisonnés.
1989 - A la suite d'une table ronde entre le
pouvoir et l'opposition, celle-ci est autorisée à siéger au Parlement. L'année
suivante, le parti communiste s'auto-dissous et Lech Walesa est élu président
en novembre.
1995 - L'ancien communiste Aleksander
Kwasniewski devance Lech Walesa aux élections présidentielles.
1999 - La Pologne fait son entrée dans l'OTAN.
2000 - Le président sortant Aleksander
Kwasniewski est réélu au premier tour à la présidence de la République. Lech
Walesa, qui n'obtient que 1 % des suffrages, décide de se retirer de la vie
politique. L'état de l'économie polonaise inquiète le Fonds monétaire
international (FMI) et l'Organisation de coopération et de développement
économique (OCDE).
2001 - Pour la première fois depuis la
dissolution du parti communiste, la gauche post-communiste (SLD) gagne les
élections législatives.
2002 - Au sommet européen de Copenhague, les 15
entérine l'entrée de la Pologne dans l'Union pour 2004.
Histoire et gouvernement: Histoire: le nom de Pologne provient du nom de la tribu
des polanes, personnes qui cultivaient les terres (pole), peuples du bassin du
fleuve Warta, région appelée ensuite Grande Pologne. Jusqu’au 12ème siècle, la
Pologne fut une monarchie héréditaire. Sous le règne de Casimir le Grand
(1333-1370), la Pologne devint une monarchie de l’état avec le Roi comme
arbitre entre la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et les agriculteurs.
L’état ne fut plus un patrimoine personnel et en 1399 les élections pour
choisir le Roi furent établies. Pendant une grande partie du moyen âge et de la
période moderne, la Pologne fut un état puissant mais éloigné des principales
rivalités européennes. Pendant le 17ème siècle la monarchie polonaise fut plus
faible et il y eut le démembrement polonais qui culmina au 18ème siècle avec la
disparition totale de la Pologne alors que ses territoires furent pris par la
Prusse, Russie, Autriche et Suède. Pendant les guerres napoléoniennes
(1803-1815) les polonais rebelles soutenus par l’armée napoléonienne prirent
d’assaut Varsovie et créèrent le Grand Duché de Varsovie. Mais en 1813 la
Pologne tomba sous domination russe: deux ans plus tard, Alexandre I de Russie
établit le Royaume de Pologne après le Congrès de Vienne. Pendant la Première
Guerre Mondiale la Pologne fut envahie par l’Autriche et l’Allemagne; ensuite
en 1917 avec la Révolution russe, le nouveau gouvernement bolchevique connut à
nouveau l’indépendance de la Pologne; ses frontières furent rétablies après le
traité de Riga de 1921. En 1926, un régime militaire s’empara du pays et
gouverna jusqu’à l’invasion allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. La
Seconde Guerre Mondiale commença par des attaques allemandes et soviétiques sur
le territoire polonais ce qui occasionna une sévère destruction et
l’élimination presque totale de la population juive (la plus grande d’Europe).
En 1945 lors de la Conférence des puissances Alliées à Yalta, il fut établi que
le secteur oriental de la Pologne fut incorporé à la Russie et la frontière
occidentale de la Pologne fut installée 320 km vers l’Ouest en absorbant la
portion orientale de l’Allemagne. Les élections libres eurent lieu seulement en
1947 mais les communistes avaient le contrôle sur le gouvernement, l’armée, la
presse et les associations d’écrivains. La Pologne suivit le modèle stalinien.
En 1948 le Parti Ouvrier polonais s’unit au Parti Socialiste pour former Polska
Zjednoczona Partia Robotnicza (PZPR, le Parti Ouvrier Uni de Pologne). En
1956, trois ans après la mort de Staline, le Secrétaire Général du Parti,
Wladyslaw Gomulka, tenta d’appliquer une politique économique d’ouverture à
cause de l’économie stagnante. Mais les manifestations à Gdansk entraînèrent le
remplacement de Gomulka par Edward Gierek. L’opposition au régime se fit de
plus en plus fort, ce mouvement fut dirigé par les leaders ouvriers
(contrairement aux autres pays ou en général ce sont les intellectuels qui
étaient les principaux opposants) avec le soutien de l’église catholique. Ainsi
le premier syndicat d’opposition, Solidarnosc (Solidarité) fit son
apparition à la fin des années 70 et au début des années 80. Le Parti
communiste ne sut pas comment réagir, Gierek dut démissionner, son successeur
Stanislav Kania ne fut pas non plus capable de faire face à Solidarnosc et à
lutter contre la perte d’influence du parti. En décembre 1981 et avec le
soutien de l’URSS, le Général Wojciech Jaruzelski imposa la loi martiale et
établit un Conseil Militaire de Salut pour diriger le pays. Solidarnosc fut
interdit et ses principaux protagonistes furent emprisonnés, dont le leader
Lech Walesa. Les restrictions occasionnées par la loi martiale furent atténuées
petit à petit et la situation se stabilisa, mais le Gouvernement dut négocier
avec Solidarnosc. Les changements dans l’Union Soviétique à partir de 1985
furent accélérés. En 1988 ; l’économie était en très mauvais état, le
gouvernement fut remplacé par un Conseil des Ministres dans lequel certains
membres n’appartenaient pas au parti communiste. Toutefois, ce Conseil fut
dominé par les communistes. Après plusieurs mois de négociations avec
Solidarnosc, plusieurs réformes économiques et constitutionnelles furent mises
en place. Solidarnosc fut légalisé en 1989 pour pouvoir se présenter aux
élections de l’Assemblée Nationale en juin. Les candidats de Solidarnosc
s’opposèrent aux candidats communistes. Les communistes permirent qu’un tiers
des sièges fussent occupés par d’autres partis. Aux élections le POUP obtint
seulement le nombre de représentants négociés avec l’opposition. Solidarnosc
refusa la proposition du Général Jaruzelski d’intégrer un gouvernement avec le
parti communiste. Mazowieki, membre modéré de solidarnosc fut nommé Chef du
premier gouvernement non communiste du bloc socialiste européen. Le Général
Jaruzelski fut élu Président une fois de plus mais le gouvernement dut
affronter la terrible récession économique en introduisant des réformes
libérales. En janvier 1990, le Gouvernement initia un programme de réajustement
économique en accord avec le FMI. Le même mois, la Pologne sollicita
l’incorporation au Conseil de l’Europe et engagea des relations avec la CEE.
Les Etats-Unis et l’Europe subordonnèrent l'admission de la Pologne à l'Otan
aux résultats économiques du pays et à une reconversion dans la course aux
armements. Le 10 mai 1990 la première grève contre le gouvernement de
Mazowiecki éclata une fois de plus à Gdansk .Walesa accusa le Premier Ministre
‘d’oublier son origine ouvrière’. Solidarnosc fut fragmenté dans l’exercice du
pouvoir et en juillet il se transforma en parti politique jusqu’à ce que
finalement il se divisa en plusieurs partis. En décembre 1990, aux premières
élections présidentielles directes, Lech Walesa fut élu Chef d’Etat avec 75 %
des votes. En août 1991, le nouveau Premier Ministre, Jan Krzysztof Bielecki
démissionna, en mettant en danger la transition politique précaire. L’ancien
parti communiste et le petit parti des agriculteurs voulaient accepter la
démission mais Walesa soutint le Premier Ministre et insista avec son appel au
pouvoir spécial, sous la menace de dissolution de l’Assemblée. En octobre 1991,
aux élections pour l’Assemblée, l’Union Démocratique de Mazowiecki obtint la
majorité avec 15% des votes, c’est à dire 76 des 460 sièges selon le système
proportionnel. Les anciens communistes de l’Alliance Démocratique de Gauche
atteignirent le second poste suivi d’une série de petits partis dont le Parti
des Amis de la Bière qui obtinrent 14 sièges. Les 29 partis qui se présentèrent
aux élections étaient représentés à l’Assemblée (ce fut difficile lorsque un
minimum de 5% fut imposé pour occuper un siège). Comme on l’attendait, le
gouvernement fut très instable, plusieurs gouvernements se succédèrent, selon
les changements dans les alliances politiques. Aux élections présidentielles de
1995, Walesa dut affronter l’apparatchik communiste (qui avait, à l’époque,
négocié avec Solidarnosc) Alexender Kwasniewski. Contre toutes les prédictions,
Kwasniewski remporta les élections avec un avantage de 3%. Le nouveau Président
décida de continuer les réformes économiques qui étaient en place. La défaite
de Walesa surprit beaucoup de pays occidentaux qui ne s’étaient pas rendus
compte de l’impopularité de Walesa. Cela arriva surtout parce que le leader de
Solidarnosc persistait dans sa lutte contre le fantôme communiste. Au mois de
janvier suivant le Premier Ministre Jan Olesky dut démissionner de son poste
car il fut été prouvé qu’il avait été un espion du KGB. En 1999, comme une
réminiscence de la Guerre Froide, la Russie et la Pologne exclurent leurs
respectifs diplomates accusés d’espionnage. Aux élections pour l’Assemblée en
1997 ; la droite, dirigée par un des partis qui se créèrent à partir de
Solidarnosc, Akcja Wyborcza (AWS, Action de Solidarité Electorale),
obtint la victoire. Ce parti remporta les élections avec une faible majorité,
pour pouvoir gouverner il dut former une coalition avec le parti de droite Unio
Wolnosci (UW, Union pour la liberté). La coalition fut durable sous la
direction de Jerzy Buzek. Peu après les élections la nouvelle constitution
entra en vigueur après avoir été approuvée par référendum populaire. En
novembre 1997, l’Assemblée approuva le programme du nouveau Gouvernement, parmi
les priorités il y avait l’entrée de la Pologne au sein de l’OTAN (la Pologne
s’unifia avec l’OTAN en juillet 1998 avec la Hongrie et la République Tchèque)
et l’entrée dans l’Union Européenne et une privatisation accélérée des
entreprises publiques. Les négociations avec l’Union Européenne progressent
lentement, les problèmes concernent surtout les subventions que la Pologne
accorde au secteur agricole. Si les négociations avancent il est possible que
la Pologne soit membre de l’UE en 2003 ou 2004. Les prochaines élections auront
lieu en 2001, il est possible que la gauche qui est moins favorable à l’Europe
que la droite, arrive de nouveau au pouvoir.
Gouvernement: selon la constitution en vigueur
depuis octobre 1997, le pouvoir législatif est exercé par une Assemblée
bicamérale composée par la Chambre des Représentants (Sejm) qui compte
460 membres et par le Sénat qui compte 100 membres qui peuvent voter les
décisions prises par la Sejm. Le système électoral est une
représentation proportionnelle.
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La Pologne a plus de 1000 ans. Son histoire est une
succession de combats, de guerres et de conquêtes par les pays voisins. La
Pologne fut plusieurs fois rayée de la carte. Elle doit sa survie à la
volonté de sa population qui a toujours lutté courageusement trouvant son
ciment dans le catholisisme.La Pologne tire son nom du mot slave pole |
Casimir le Grand Casimir III (1333-1370) mérita pleinement son surnom de Grand : il fonda l'université de Cracovie en 1364, se fit restituer la Cujavie par les Teutoniques en 1343, imposa sa suzeraineté au duc de Mazovie et s'empara de la Galicie. La consolidation de l'Etat se poursuivit avec Louis d'Anjou , neveu et successeur par sa mère, de Ladislas le Bref. Déjà roi de Hongrie , il réunit , de 1370 à 1382, les deux couronnes catholiques en une alliance personnelle qui sera renouée par la suite. Mais, pour recueillir l'appui de la noblesse polonaise, il lui accorda, à la diète de Kosice, des privilèges politiques importants, qui nuiront à l'instauration d'une monarchie absolue ; en revanche ; la succssion du trône de Pologne se trouvait garantie en faveur de sa fille cadette Hedwige. La Hongrie étant réservée à sa fille aînée. La jeune princesse fut contrainte d'épouser Jagellon, grand-duc de Lituanie, prince païen dont le vaste domaine, agrandi après la chute du royaume de Kiev, constituait une marche orientale entre l'Occident et les terres russes soumises à la Horde d'Or. Jagellon fut baptisé sous le nom de Ladislas, marié et couronné à Cracovie, et l'union de la Pologne et de la Lituanie avec Wilno proclamée en 1386.
HISTOIRE DE LA POLOGNE
A une seule exception près — le royaume du
Congrès entre le couronnement de 1818 et
1829 — aucune mesure
sérieuse ne fut prise pour donner aux
provinces polonaises fût-ce les
attributs d'une cour souveraine et d'un gouvernement. Au lieu de cela, elles furent gouvernées de
loin, depuis Saint-Péters- bourg, Vienne ou Berlin comme des dépendances
coloniales, avec le même manque de compréhension pour les susceptibilités
locales que les Espagnols en Amérique ou les Français en Afri- que.
Troisièmement, malgré le stade relativement avancé de la culture polonaise, les
puissances copartageantes exigeaient de plus en plus que la conformité en ce
domaine s'ajoutât à la soumission politique, imposant peu à peu l'allemand ou
le russe comme unique langue de gouvernement. Des pratiques considé- rées dans
d'autres régions du monde et des empires est-euro- péens comme des signes de
progrès et de modernisation étaient tenues en Pologne pour des symptômes de
régression.
Enfin et surtout la culture politique des trois
empires — auto- cratique en Russie, autoritaire en Prusse, absolutiste en
Autriche jusqu'en 1848 — n'avait aucun rapport avec les anciennes tradi- tions
démocratiques et individualistes de la Pologne-Lituanie. Il n'y avait aucun
terrain commun où les nouveaux régimes pus- sent prendre racine facilement.
Depuis des siècles, les Polonais avaient été habitués à traiter les prétentions
de l'autorité centrale avec un robuste scepticisme et, récemment, avec dérision
(cf. chap. V). Résultat : ils étaient prédisposés à rejeter d'emblée les
prétentions infiniment plus grandes des tsars, empereurs et rois étrangers. Du
point de vue des puissances occupantes, la Polo- gne était peut-être le pays
d'Europe le moins propice pour y expérimenter le despotisme éclairé. Ses
habitants, quant à eux,les considéraient comme illégitimes dès le départ et à
la seuleexception de la Galicie autrichienne après 1867, elles le restè-rent
pendant cent vingt ans. Tout au long du XIXe siècle, lamajorité d'entre eux
vécurent dans un état d'aliénation perpétuelvis-à-vis de leur gouvernement.
Un processus illustre bien cette situation :
l'inscription obliga-toire infligée aux habitants de
l'ancienne Pologne-Lituanie dansles années suivant immédiatement le
troisième partage en 1795.Les nobles durent faire enregistrer des titres de
noblesse que bien peu possédaient ; aussi la plupart d'entre eux furent-il
pri-vés de leur qualité sur-le-champ. Les bourgeois durent soumet-tre les
chartes de leur ville pour une confirmation qui venait oune venait pas. Les
membres du clergé durent s'inscrire comme employés de l'État et les paysans,
comme contribuables. Les juifs qui avaient joui de l'autonomie communale sous
la vieille répu-blique furent obligés de s'inscrire pour la première fois comme
citoyens de l'État ; or ils n'avaient pas été accoutumés jusqu'alors à l'usage des noms de famille,(j’en conclus que jan
wanc n’était pas juif, puisqu’il avait un
nom) aussi s'aperçurent-ils qu'il leur fallait en accepter un, laissé au caprice d'un petit fonctionnaire.A Varsovie,
ville principale de la « Prusse du Sud » de 1797 à 1807, le bureau
d'enregistrement était tenu par E.T.A. Hoff-mann,
plus connu pour ses Contes : M.
Hoffmann ne reçoit pas de clients tous les jours, car il est géné-ralement
occupé à ses écrits et quand il condescend à les voir, il est sipressé
que l'on ne peut lui poser aucune question. Avant le dîner,l'estomac vide, il
donne des noms sérieux ou mélancoliques ; après, plus amusants. Dans le bureau il est assis le dos à la
fenêtre, l'air féroce. Son long cou maigre est enveloppé d'une écharpe de
Turquie et ses cheveux s'ébou-
riffent
en broussaille épaisse. Il dévisage son client d'un air furieux dans un silence
de mort, puis braille le premier mot qui lui vient à l'esprit.C'est ce mot inscrit par le secrétaire dans le registre qui devient officiellement le nom du client.
Après cela, Hoffmann indique quand le certificat pourra être retiré, puis
appelle le client suivant.
Aujourd'hui étant
vendredi, nous avons appris que Mme Hoffmann,qui est polonaise et catholique,
lui a servi du brochet en sauce persillée pour le dîner, aussi n'a-t-il donné
que des noms de poisson..
S’il n’a pas travaillé le samedi c’est
qu’il était certainement juif
Dimanche dernier, on lui a offert un bouquet de rosés
après qu'il eut dirigé le chœur du quartier, si bien que pendant toute la
journée du lundi, il a donné des noms de
rosés. Tout le monde était assez satisfait, sauf le commerçant qui s'appelle maintenant M.
Rozenmàdchen.
Une autre fois, ayant visité le quartier de Varsovie où
l'on vend des cages à oiseaux, il est revenu au bureau où il a créé une masse
de Vogels. Une autre fois, où il avait joué de l'orgue à l'église, il a
distribué une suite de noms à connotation
religieuse comme Helfgott [Pitié, Seigneur], Himmelbiau [bleu ciel], Kazdidfo [encens],
Paniebozedopomôz [Aide-nous, Seigneur
Dieu], Bozakrôwska [bête à bon Dieu], etc.
Ou encore, un soir, il
est allé boire avec un colonel prussien. Le
lendemain matin, s'étant fait verser de l'eau froide sur la tête, il
est arrivé de fort belle humeur au
bureau et s'est mis à donner des noms mili- taires comme Festung, Fojer,
Pistolet, Szyspulvcr, Trommel, Trompeter... [forteresse, feu, pistolet, poudre
à canon, tambour, trompette]. Il
n'est pas allé plus loin, parce que le reste
de ses clients a pris la fuite.
L'HÉRITAGE D'UNE ANTIQUE CULTURE
La Lituanie médiévale était le dernier pays
païen en Europe et, à l'époque de l'union polonaise, un des plus dynamiques et des
plus expansionnistes. Pendant tout le XIVe siècle, ses expédi-tions s'étaient
taillé un chemin vers le sud à partir de son berceau ethnique sur le Niémen,
renversant les princes ruthènes et s'emparant de tout ce que les Mongols
avaient désorganisé ou rompu. Là où Casimir le Grand n'avait fait que
grignoter, les fils de Gedymin se gorgèrent. La Lituanie s'étendit de la
Baltique aux confins de la Crimée, du Boug au Don, englobant tout le bassin du
Dniepr y compris Minsk, Smolensk, Kiev et Otchakov (Odessa). La caste dominante
était celle des boyar guerriers, obéissant servilement à la volonté absolue du
grand-duc. Sa population était composée pour la majeure partie des Slaves
ruthènes, chrétiens orthodoxes. Son économie dépendait surtout du travail des esclaves
et des pillages saisonniers ; sa langue offi- cielle était le ruski (appelé
aujourd'hui vieux blanc-russien) et son patron Pierkun, dieu de la foudre. Son
union avec la Pologne
ouvrit les portes à
maints changements. Le paganisme fut aboli, les chênes sacrés tombèrent sous la
hache du sacrifice rituel et la
population reçut le
baptême en masse. Ce monde clos s'ouvrit aux influences occidentales et les
boyar commencèrent à exiger
les mêmes droits et
privilèges que la noblesse polonaise. Avec le temps, toutes les couches de la
société — sauf les plus basses —
arrivèrent à être complètement polonisées,
aussi bien en ce qui concernait la
langue que les façons de voir. A la Pologne, cette
étroite alliance apporta un nouvel
enrichissement de son héri- tage
multinational. Pourtant les horizons
de la dynastie ne se limitaient pas à la
Pologne et à la Lituanie. Du vivant de Jagellon lui-même, l'orgueil des chevaliers Teutoniques dont les
ambitions avaient d'ailleurs été à
l'origine de l'union, reçut un coup sévère : à la bataille de Grunwald (Tannenberg) en 1410, la
victoire des
armées polono-lituaniennes marqua le début du
long déclin de l'ordre. Après cela, les
Jagellon se lancèrent sur la scène euro-
péenne et avec quelle vigueur ! Les hussites de
Bohême les pres- sèrent par deux fois d'accepter la couronne de saint Wenceslas
et deux d'entre eux devinrent rois de Hongrie.
Le deuxième fils de Jagellon Kazimierz
Jagiellonczyk Casimir IV, (1444-1492),
fut appelé le « père de l'Europe ».
Les commentateurs sceptiques ne se privent pas
de dénoncer là un tour habile de la propagande cléricale — ce qui est exact —
mais n'expliquent pas pourquoi la légende est tom-bée dans des oreilles aussi
réceptives. C'est que l'Église se
trouvait au centre non pas seulement de lapolitique, mais de la conscience
médiévale. Elle fournissaitl'idéologie qui éclairait non seulement les liens du
roi avec sa couronne, mais ceux de chaque humain avec son souverain, et avec
l'univers. Fontaine de toute science, elle formait les clercs
qui assuraient le
fonctionnement des chancelleries et dispensait le latin, instrument de travail
de tous les hommes instruits. J^lle
avait le monopole de
l'enseignement et ses monastères étaient les centres de recherches de l'époque
; ses prélats avaient tout à la
fois les pouvoirs d'un
baron, d'un ministre et d'un diplomate ; ses frères et ses religieuses
remplissaient les tâches d'éducateurs et
de travailleurs
sociaux. Les fidèles qui acceptaient la foi avec une irrévocable confiance,
inconcevable à notre époque, compre-
naient l'écrasante
majorité de la population. On dit générale- ment que la Pologne des Piast a
adopté le christianisme, mais il
serait peut-être plus
juste de dire que l'Église catholique a adopté la Pologne.
3. Les
Jagellon, 1385-1572
Après la mort de Casimir le Grand, la
couronne passa d'abordà son neveu, Louis de Hongrie, puis à la fille de ce
dernier,
Jadwiga (Hedwige)
d'Anjou couronnée roi (sic) à Cracovie en 1384. Son mariage avec Jagellon,
grand-duc de Lituanie,
n'ayant pas donné
d'héritier, la succession passa aux enfants issus des alliances ultérieures de
celui-ci et ainsi la Pologne fut-elle
gouvernée pendant 187
ans en union personnelle avec la Litua-nie. Un seul mariage — politique —
soumis à tous les accidents
nés de la fragilité
humaine avait décidé du sort de deux pays pour des siècles. Les précédentes
unions dynastiques avec la Bohême
(1293-1306) et la
Hongrie (1370-1385) n'avaient été que des épisodes fugitifs, alors que le lien
avec la Lituanie devait être
l'une des expériences
formatives dans l'histoire du pays.
HISTOIRE DE LA POLOGNE
génitrices de trois maisons souveraines, et
parmi ses petits- enfants, le dernier grand-maître de l'ordre des chevaliers
Teuto-
niques, fondateur d'une autre dynastie
fameuse, Albrecht von Hohenzollern.
Zygmunt l'Ancien (Sigismond Ier) marié à une
Sforza vit s'épanouir la Renaissance :
Zygmunt-August (1548- 1572), dernier de
la lignée masculine épousa deux Habsbourg à
la suite, ne put vivre avec aucune et mourut
sans enfant, tout habillé de noir en
souvenir de sa bien-aimée Barbara Radzi-
will.
Si les ressources combinées des deux États jumeaux de Jagel- Ion leur
permirent de détruire l'ordre Teutonique — la « guerre
de treize ans »
(1454-1466) s'acheva par le partage de la Prusse— leurs responsabilités en
Lituanie les amenèrent inévitable-
ment à se heurter aux
voisins orientaux du grand-duché. Parmi ceux-ci les Tatars de Crimée
constituaient une gêne sans cesse
renouvelée qui amena la
formation de la première armée per-manente polonaise en 1490. Le danger des
Moscovites, lui, était
non seulement
permanent, mais grandissant. Les tsars de Mos-cou s'étaient donné pour tâche de
« récupérer » toutes les terres
de l'ancienne Rous,
même si aucune fraction importante n'enavait jamais été soumise à la ville sur
la Moskova. S'étant insti-
tués « protecteurs » de
toutes les populations orthodoxes deRuthénie (même si elles déclinaient
l'honneur), ils lancèrent
leur armée vers l'Ouest
en mai 1500 et l'on peut dire qu'en un certain sens ils ne se sont jamais
arrêtés depuis, poursuivant sans
répit leurs campagnes
avec une féroce ténacité pendant des dizaines d'années. Les guerres d'Ivan III
furent surtout dirigées
contre Smolensk qui
tomba en 1513 et celles d'Ivan IV contre la Livonie. Au milieu du xvi6 siècle,
le spectacle d'Ivan le Terrible,
quintessence de la
barbarie, combattant Zygmunt-August, prince idéal de la Renaissance doux et
tolérant, était vraiment un
épisode de la guerre
des Mondes, le heurt entre l'Est et l'Ouest.
La Renaissance poussa de profondes racines
en Pologne. Précédée par le puissant ferment de l'humanisme catholique et
l'introduction de
l'imprimerie, ses idées pénétrèrent beaucoup plus avant que l'architecture
italienne de l'époque ou la peinture
qui en dérivait
pourraient le laisser penser. En science, en litté-rature et en érudition, la
Pologne fut vraiment précoce.
Trois noms ressortent. Nicolas Copernic (1473-1543), en découvrant la rotation de la terre autour du
soleil, provoqua la révolution la plus fondamentale qu'on pût concevoir dans
les conceptions d'alors sur la position de l'homme dans l'univers. Jan Kochanowski (1530-1584), poète exquis dans la lignée de Pétrarque ou de
du Bellay fut le chef de file sinon le fondateur de la tradition vernaculaire
et par là de la branche aînée de la littérature slave ;son psautier fut pour le
polonais ce que la Bible de Luther fut pour l'allemand. Enfin Jan Zamoyski (1542-1605), chancelier et ataman spécialiste de l'histoire
romaine, fut le principal archi-tecte de la « démocratie noble » dans son pays.
Tous trois étaient
diplômés de Cracovie et de Padoue ;
tous trois étaient des
classicistes et des traducteurs accomplis ;
tous trois étaient des
serviteurs dévoués de l'État ;
tous trois
s'intéressaient sérieusement à une variété considérable d'arts et de
sciencesainsi qu'à l'enseignement.
Tous, on peut le dire,
étaient d'admi-rables exemples de Yuomo universelle, l'homme de la
Renais-sance, couronnement de ce qui fut sans doute la génération laplus
instruite et probablement la plus attachante de l'histoire polonaise.
C’est dans cet espace que l’on pourrait aussi considérer la
contribution intellectuelle de Klemens JANICKI
et Martin JANICKI ou JANIK
La Réforme toucha elle
aussi le pays et avec une grande force.les doctrines luthériennes conquirent
immédiatement l'élé-ment germanique bourgeois, en particulier dans les villes
de la Prusse royale — Dantzig, Thorn, Elbing — et portèrent aussi le coup de
grâce * à l'ordre Teutonique. En 1525 quand ses cheva-liers se convertirent en
masse *, le grand-maître Albrccht von Hohenzollern fut obligé de transformer le
territoire qui restait encore à l'ordre, c'est-à-dire la Prusse orientale, en
un fief séculier du royaume de Pologne. Le calvinisme, arrivé à partir de 1550
environ, attira de nombreux nobles, y compris beaucoup des magnats lituaniens
les plus puissants. En 1572, les protes-tants avaient déjà la majorité absolue
parmi les membres laïques du Sénat. Quelques années plus tôt, un schisme dans
le calvi-nisme polonais avait donné naissance aux « Frères polonais » —aussi
appelés Ariens, Antitrinitaires, Racoviens et Sociniens —qui devaient exercer
une profonde influence sur la théologie radicale dans toute l'Europe au siècle
suivant. Si en 1563 la «Bible de Brest» calviniste fit
date dans les publications populaires en vernaculaire, le catéchisme racovier
de 1610 fut peut-être l'opuscule théologique le plus progressiste de l'époque.
La Pologne offrait en outre un havre à de nombreuses sectes réfugiées — «
Frères tchèques », hussites de Bohême Anabaptistes et Mennonites des Pays-Bas,
Schwenkfeldiens allemands de Silésie. Un pays habitué de longue date à la
cohabitation du catholicisme, de l'orthodoxie, des Arméniens, du judaïsme et du
mahométisme, était unique en Europe. Seul dans un continent déchiré par les
guerres de religion, la Pologne pouvait produire la célèbre Paix des Dissidents
promulguée par la confédération de Varsovie en 1573. Des actes de fanatisme isolé pouvaient encore se produire, mais
aucune campagne des persécutions à
l'échelle nationale n'était possible. La Pologne méritait vraiment son nom de « pays sans
bûcher ». Des écrivains protestants comme Mikolay Rej (1505-1569), Cyprian
Bazyli (1535-1592), Stanistàw Sarnicki
(1532-1597) ou Andrzey Wola
(1530-1610) polémiquaient avec le courant
catholique majoritaire. La Réforme complétait la Renaissance pour former
l'Age d'or (Zloty WieK) du pays.
La République nobiliaire, 1569-1795
Comme les Piast avant eux, les Jagellon
finirent prématurément faute d'un héritier. Prévoyant le drame, Zygmunt August
usa ses dernières forces à transformer le fragile lien personnel entre la
Pologne et la Lituanie en une union constitutionnelle permanente. Par le traité
de Lublin (1569), la noblesse polonaise et les princes lituaniens créèrent un
État unique double dans lequel la Korona (royaume) et le grand-duc
conserveraient leurs lois et leurs administrations distinctes, mais seraient
gouvernés par un roi élu et une diète commune.appelèrent leur création
Respublica ou Rzeczpospolita, Republique unie de Pologne-Lituanie. A la demande
de la noblesse
ukrainienne craignant que les princes
lituaniens pussent rejeter l'union, les provinces méridionales du grand-duché,
comprenant la Voihynie, Kiev et la Sicz cosaque furent incorporées dans le
royaume. Sur les instances de Zamoyski
JAN WANC un séculier CONSTRUIT LA
PREMIERE ORGUE DE POLOGNE en 1381
(D’autres avaient déjà été importées.)
[modifier]
Pologne |
|
Les récentes recherches archéologiques
ont attesté l'ancienneté de la présence humaine sur le territoire polonais. Un
peuplement protoslave existait dès le IIIe millénaire av. J.-C. Du contact de
ces Slaves primitifs avec les peuples voisins (Baltes, Celtes, Germains)
naquirent les civilisations lusacienne et poméranienne (environ 1500-200 av.
J.-C.). Placé sur la «route de l'ambre», le territoire polonais s'ouvrit à la
civilisation de l'Empire romain avant d'être traversé par les grandes
invasions.
La dynastie des Piast
Vers le Ve siècle apr. J.-C.,
plusieurs tribus slaves occidentales (Polanes, Vislanes, Slézanes, Poméraniens)
s'établirent à l'est de l'Oder, entre la Baltique et les Carpates, notamment
dans la haute Vistule (Vislanes) et dans le bassin de la Warta (Polanes). Elles
furent à l'origine de la formation de la nation polonaise. Celle-ci se fit sous
l'hégémonie des Polanes, établis en Grande Pologne, et de leur dynastie
princière, les Piast.
La Pologne n'apparaît pas dans l'histoire européenne avant le règne de MieszkoIer
(960-992), fondateur de la dynastie des Piast. Dès le milieu du IXe siècle, un
premier État polane fut ébauché autour de Gniezno et Poznan: MieszkoIer hérita
de l'œuvre de ses prédécesseurs de vastes territoires unifiés englobant la
Grande Pologne, la Cujavie et la Mazovie et fut l'artisan de l'unification. Il
conquit la Silésie, la Petite Pologne et la Poméranie. Il se retrouva à la tête
d'un vaste État dont la cohésion ethnique favorisa la naissance d'un sentiment
national. Contraint d'accepter la suzeraineté de l'empereur allemand Othon Ier,
MieszkoIer se convertit en 966 avec ses sujets au christianisme et plaça la
Pologne sous la protection du pape. Il devint duc de Pologne en 992. MieszkoIer
laissa un État dont la population est estimée à un million d'habitants et dont
les frontières sont, à peu de choses près, celles de 1945.
Son fils et successeur, BoleslasIer le Vaillant (992-1025), éleva la Pologne au
rang des grandes puissances européennes. Son règne fut marqué par
l'affermissement de l'Église chrétienne en Pologne et par une politique
d'expansion prestigieuse. Il s'empara de la Lusace et de la Bohême à l'ouest,
de la Moravie et d'une partie de la Slovaquie au sud, et envahit à l'est la
Russie rouge. Couronné par le pape en 1025, il devint le premier roi de
Pologne. À sa mort, le pays s'étendait des Carpates à l'Oder et au Dniestr.
Mais au cours des trois siècles qui suivirent, la Pologne connut une succession
de troubles intérieurs et extérieurs et perdit la majorité des territoires
conquis par BoleslasIer. Son fils et successeur, Mieszko II (1025-1034), fut à
nouveau obligé de se reconnaître vassal de l'empereur germanique. À sa mort, la
Pologne fut secouée par une insurrection populaire, suivie d'une grave crise
monarchique. Cette situation prit fin avec les règnes de Casimir Ier
(1039-1058) et de Boleslas II (1058-1079). Sous CasimirIer le Rénovateur, la
Pologne retrouva son unité, mais il dut accepter le contrôle toujours plus
important de l'aristocratie et reconnaître sa dépendance à l'égard de
l'empereur Henri III.
La grandeur de l'État polonais fut provisoirement rétablie sous le règne de
Boleslas II le Hardi, qui affirma son indépendance à l'égard de l'aristocratie
et de l'empereur. Le pape Grégoire VII lui confirma la couronne royale en 1076,
ce qui libérait la Pologne de toute vassalité à l'égard de l'empereur. Mais,
après avoir fait exécuter l'évêque de Cracovie qui avait pris la tête d'une
révolte de la noblesse, il dut s'exiler en 1079.
Son successeur, LadislasIer Herman (1079-1102), dut accepter que la Pologne
soit administrée par la noblesse. Le renforcement des pouvoirs nobiliaires
favorisa le retour de l'anarchie. Boleslas III Bouche-Torse (1102-1138) ramena
provisoirement l'ordre et l'unité dans le pays. Il annexa la Poméranie,
vainquit les Prussiens païens et défendit victorieusement la Silésie contre
l'empereur Henri V. À sa mort, le royaume de Pologne fut divisé en quatre
duchés indépendants gouvernés par ses fils. Leurs descendants, à leur tour,
morcelèrent le pays en vingt-quatre duchés.
La disparition du titre royal et les querelles incessantes entre les ducs
provoquèrent une désorganisation politique et sociale qui favorisa les
ambitions des pays voisins. Elle suscita notamment une reprise de la poussée
germanique vers le nord et vers l'est, avec la conquête de la Silésie (1163) et
de la Poméranie (1181), annexées au Saint Empire. La crainte inspirée par les
Prussiens et les Lituaniens païens, de plus en plus menaçants, amena le duc
polonais Conrad de Mazovie à réclamer l'aide des chevaliers Teutoniques (1226).
Ceux-ci établirent un État militaire sur tout le territoire prussien et se
révélèrent un danger bien supérieur à celui qui venait d'être éliminé.
L'invasion des Mongols en 1240-1241 ravagea le pays et contribua à l'affaiblir
encore davantage. De nombreux princes polonais favorisèrent alors la venue de
colons allemands pour mettre en valeur leurs territoires. L'occidentalisation
du pays s'en trouva accélérée. À la même époque, un grand nombre de Juifs,
fuyant les persécutions en Europe occidentale, vinrent chercher refuge sur le
territoire polonais.
À la fin du XIIIe siècle, Ladislas Lokiétek, duc de Cujavie et prince de la
dynastie des Piast, fut l'artisan de la réunification. Il restaura la monarchie
et se fit couronner roi de Pologne en 1320, sous le nom de LadislasIer.
Victorieux de l'ordre Teutonique en 1331, il rassembla les principaux duchés de
l'ancien État polonais hormis la Silésie et la Poméranie, désormais partie
intégrante du Saint-Empire, et la Mazovie, vassale du roi de Bohême. Cracovie
devint la capitale de la Pologne.
La puissance et la prospérité de la Pologne s'accrurent encore davantage sous
le règne de son fils, Casimir III le Grand. Celui-ci annexa à l'est la Galicie,
la Volhynie, la Podolie et la Mazovie. Considéré comme l'un des plus grands
monarques de l'histoire de la Pologne, il introduisit d'importantes réformes
administratives, judiciaires et législatives. Fondateur de l'université de
Cracovie (1364), il offrit sa protection aux Juifs fuyant les persécutions. Il
allégea les charges paysannes, créa des villages de colonisation et développa
le commerce. La dynastie des Piast s'acheva avec lui. N'ayant pas d'enfants, il
désigna pour héritier son neveu LouisIer de Hongrie (1370-1382). Il lui légua
une Pologne restaurée mais privée de débouchés maritimes, toujours menacée de
l'extérieur par l'ordre Teutonique et de l'intérieur par l'indépendance de la
haute noblesse.
Prince étranger, résidant presque toujours en dehors de son second royaume,
LouisIer de Hongrie laissa à sa mort la Pologne désolée par la guerre civile.
L'union avec la Hongrie fut rompue. L'aristocratie laïque et religieuse se
partagea les hautes charges de l'État. La monarchie fut restaurée deux ans plus
tard. Élue reine de Pologne en 1384, la fille de Louis Ier, Hedwige, fut
ensuite contrainte d'épouser le grand-duc de Lituanie. Élu conjointement roi de
Pologne en 1386, celui-ci monta sur le trône sous le nom de Ladislas II. Il se
convertit au christianisme à l'occasion de son couronnement et unit la Lituanie
à la Pologne, fondant ainsi la maison Jagellon.
La dynastie des Jagellons
Le royaume des Jagellons était immense. Comprenant la Pologne, la Lituanie, la
Biélorussie et une grande partie de l'Ukraine, il s'affirma comme la première
puissance d'Europe orientale. Ladislas II se fit prêter hommage par les
souverains de Moldavie (1387), de Valachie (1389) et de Bessarabie (1396). En
1410, les armées polonaise et lituanienne, commandées par Ladislas II,
remportèrent une victoire décisive sur les Teutoniques à Tannenberg. La Pologne
devint le centre politique d'un État qui s'étendait désormais de la Baltique à
la mer Noire.
L'élection de Ladislas III à la couronne de Hongrie en 1440 contribua à faire
de Cracovie le centre géographique d'un immense État catholique. Celui-ci eut
pour vocation de juguler le germanisme et d'arrêter les progrès de l'islam
ottoman, malgré la défaite de Ladislas III à Varna en 1444. La menace exercée
par les chevaliers Teutoniques fut définitivement écartée sous Casimir IV
(1447-1492), qui mena une guerre prolongée et victorieuse, la guerre de Treize
Ans (1454-1466) contre l'Ordre. En 1466, il leur imposa la paix de Thorn qui
restitua à la Pologne la Poméranie orientale et Gdansk. La Prusse orientale fut
laissée aux Teutoniques, désormais vassaux des Jagellons.
Mais l'autorité monarchique s'affaiblit à nouveau sous le règne de Casimir IV,
qui octroya d'importants privilèges à la noblesse. La Diète, une assemblée
bicamérale rassemblant les représentants de la grande et de la petite noblesse,
commença à prendre une importance croissante.
L'affaiblissement du pouvoir monarchique s'accentua sous le règne des fils de
Casimir IV, JeanIer Albert (1492-1501), Alexandre Ier (1501-1506) et Sigismond
Ier (1506-1548). Il fut marqué, sous le règne d'Alexandre Ier, par
l'instauration définitive d'une monarchie constitutionnelle. Le droit de
suzeraineté sur la Prusse orientale (1525), l'annexion de la Mazovie (1526),
l'épanouissement de la Renaissance et le développement économique et culturel
des villes polonaises sous Sigismond Ier amenèrent la Pologne à l'apogée de sa
grandeur.
La dynastie des Jagellons s'acheva avec le règne de Sigismond II Auguste
(1548-1572). Celui-ci accrut la puissance territoriale des Jagellons, avec
l'annexion de la Livonie et de la Lettonie en 1561, la vassalisation de la
Courlande, et l'«union perpétuelle» de la Pologne et de la Lituanie en 1569.
Sigismond II mourut en 1572 sans héritier. Deux fois plus peuplée que la
France, la Pologne étendait alors sa domination sur un territoire grand comme
deux fois celui de la France actuelle. Réputée pour sa tolérance, notamment
envers les Juifs, elle était un important foyer intellectuel, dont Nicolas
Copernic fut l'un des plus brillants représentants.
Le déclin de la Pologne: la marche vers la sujétion
Après la mort de Sigismond II, la Pologne entra dans une longue période de
décadence politique, économique et militaire qui dura près de deux siècles. En
1573 fut enteriné le principe électif de la monarchie polonaise dont les rois
furent désormais élus par la Diète. L'élection d'Henri de Valois, futur roi de
France (Henri III), inaugura l'ère de la monarchie élective et des princes
étrangers. Après quatorze mois de règne (1573-1574), il quitta la Pologne pour
devenir roi de France à la mort de son frère Charles IX. Le prince de
Transylvanie, Étienne Ier Báthory (1575-1586), lui succéda sur le trône de
Pologne. Il favorisa la réaction catholique contre les Églises réformées et
mena une guerre victorieuse contre Ivan le Terrible. Il mourut sans héritier.
De 1587 à 1688, la Pologne fut gouvernée par une branche catholique de la
dynastie suédoise des Vasa. L'instabilité monarchique et le succès de la
Contre-Réforme, propagée par les jésuites dès 1578, s'amplifièrent sous le
règne de Sigismond III Vasa (1587-1632). Celui-ci transféra la capitale de
Cracovie à Varsovie. À l'extérieur, ses revendications sur le trône de Suède
contre les Vasa protestants, ses ambitions orientées vers la Russie et la
Baltique entraînèrent la Pologne dans un cycle de conflits souvent désastreux
contre la Suède, la Russie, les Cosaques ukrainiens, le Brandebourg et les
Turcs ottomans. Les guerres contre la Suède entraînèrent la perte de la Livonie
maritime. Sigismond III dut faire face aux invasions turques qu'il repoussa
avec beaucoup de peine (1620-1621). À l'est par contre, les armées polonaises
victorieuses occupèrent Moscou (1610-1611).
La Pologne connut un certain répit sous le règne neutraliste de Ladislas IV
(1632-1648). Les hostilités reprirent dès le début du règne de Jean II Casimir
(1648-1668) avec la révolte des Cosaques d'Ukraine (1648-1651), qui provoqua
l'intervention des Russes en Pologne en 1654. Ceux-ci envahirent la Biélorussie
et la Lituanie, réduisant à néant la grande politique orientale de Sigismond
III. Puis, en 1655, la Suède vainquit la Pologne lors de la première guerre du
Nord (1655-1660). Ces nouvelles guerres ravagèrent le pays et aboutirent à la
perte de nombreux territoires: duché de Prusse (1657), Livonie intérieure,
cédée à la Suède (traité d'Oliva, 1660), Ukraine orientale, abandonnée à la
Russie (traité d'Androussovo, 1667). La Pologne sortit ruinée de cette crise:
récoltes détruites, commerce arrêté, pays dépeuplé.
Le règne de Jean II fut en outre marqué par une nouvelle dégradation de
l'autorité monarchique, notamment après l'instauration, en 1652, du liberum
veto, qui accordait un droit de veto à tous les députés. Cette pratique
renforça un système de gouvernement anarchique qui faisait passer les intérêts
particuliers de la noblesse avant ceux de l'État. Jean II tenta vainement
d'abolir le liberum veto et finit par abdiquer en 1668. Un noble polonais,
Michel Wisnowiecki (1669-1673), lui succéda, puis Jean III Sobieski
(1674-1696). Celui-ci remporta plusieurs victoires contre les Turcs ottomans,
en guerre contre la Pologne depuis 1672. Après les victoires de Khotin (1673)
et de Zurawno (1676), il prit la tête de l'armée polonaise en 1683 et délivra
Vienne, assiégée par les Turcs. Malgré cette victoire et la restitution par les
Turcs de la Podolie et de l'Ukraine (traité de Karlowitz, 1699), le déclin de
la Pologne alla en s'accentuant.
Après la mort de Jean III Sobieski, l'intervention des grandes puissances
étrangères se fit de plus en plus sentir dans les affaires intérieures,
notamment lors de l'élection de ses rois. La France, l'Autriche et la Russie
cherchèrent à placer sur le trône des candidats de leur choix. L'Autriche et la
Russie finirent par imposer comme rois aux Polonais les électeurs de Saxe,
Auguste II le Fort (1697-1733) et Auguste III (1733-1763). L'alliance conclue
contre la Suède par Auguste II le Fort, le tsar Pierre le Grand et le Danemark
provoqua la seconde guerre du Nord (1700-1721). Celle-ci fut un véritable
désastre pour la Pologne. La Suède, d'abord victorieuse, ordonna l'élection
d'un nouveau roi, Stanislas Leszczynski (1704-1709). Mais la défaite du roi de
Suède, Charles XII, à Poltava, en 1709, ramena Auguste II sur le trône de
Pologne.
L'État polonais sortit de cette guerre économiquement ruiné et politiquement
divisé. Manquant de moyens militaires et financiers, privée de toute autorité
centrale, la Pologne vivait dans un état de complète anarchie que ses puissants
voisins ne songeaient qu'à maintenir. La double élection en 1733 de Stanislas
Leszczynski (1733-1736), devenu le beau-père de Louis XV et élu par la diète de
Varsovie avec l'appui de la France, et d'Auguste III de Saxe, candidat
austro-russe, fut à l'origine de la guerre de Succession de Pologne
(1733-1738). À l'issue du traité de Vienne (1738), Auguste III fut reconnu roi
de Pologne, et Stanislas Leszczynski reçut en compensation le duché de
Lorraine. La consécration de la tutelle russe sur la Pologne fut confirmée en
1764 par l'élection imposée de Stanislas II Poniatowski (1764-1795), favori de
Catherine II, impératrice de Russie.
Du démembrement de la Pologne au congrès de Vienne
Protestant contre l'ingérence de la Russie, les patriotes polonais
s'insurgèrent, organisèrent la confédération de Bar (1768) et entrèrent en
lutte contre les troupes russes. En 1772, leur échec précipita la dissolution
de l'État polonais. La Prusse de Frédéric II, la Russie et l'Autriche se
livrèrent, d'un commun accord, à ce qui fut le premier partage de la Pologne
(traité de Saint-Pétersbourg, 1772). La Russie annexa la Lituanie à l'est du
Dniepr supérieur, l'Autriche s'empara de la Galicie moins Cracovie tandis que
la Prusse annexait la Prusse occidentale à l'exception de Gdansk et de Thorn.
La Pologne perdit d'un seul coup 211000 km2 et environ 4500000 habitants.
Bien que soumis à un protectorat politique de la Russie, Stanislas II
Poniatowski assura au pays une administration bienfaisante. Le pays renoua avec
la prospérité économique. Un mouvement en faveur d'une réforme constitutionnelle
se développa parmi la noblesse et aboutit à l'adoption d'une nouvelle
Constitution (3 mai 1791) déclarant la monarchie héréditaire, abolissant le
liberum veto et octroyant aux bourgeois des privilèges identiques à ceux qui
étaient accordés à la noblesse.
Des nobles conservateurs, hostiles à ces réformes, formèrent en réaction la
confédération de Targowica (mai 1792) et demandèrent l'aide de la Russie.
Celle-ci y vit un prétexte pour envahir la Pologne orientale, bientôt imitée
par la Prusse, qui occupa au début de 1793 la Pologne occidentale, malgré une
résistance acharnée mais vaine de l'armée polonaise, commandée par le prince
Józef Poniatowski. Ces deux interventions aboutirent à un deuxième partage de
la Pologne (traité de Grodno, 1793). La Russie annexa une partie des
territoires de l'Ukraine, de la Podolie, de la Volhynie et de la Lituanie
(250000 km2). La Prusse gagna Gdansk, Thorn et la Grande Pologne avec Poznan.
La réaction patriotique polonaise se manifesta le 23 mars 1794 par une insurrection
nationale armée, dirigée par Tadeusz Koßciuszko. Les Russes durent évacuer
Varsovie (avril 1794). À l'été 1794, de grandes portions de la Pologne occupées
par les Russes avaient été libérées. Toutefois, la supériorité numérique
écrasante des Russes et l'intervention de la Prusse et de l'Autriche aux côtés
de la Russie rendaient la cause polonaise sans espoir. Les Russes remportèrent
une victoire décisive à Maciejowice. La capitulation de Varsovie en octobre
1794, après le terrible massacre perpétré dans le faubourg de Praga par les
troupes russes du maréchal Aleksandr Souvorov, mit un terme au mouvement
d'indépendance. Un troisième partage de la Pologne (1795) fut alors réalisé. La
Russie s'empara du reste de la Volhynie, de la Lituanie et de la Courlande.
Varsovie et la Mazovie furent annexées par la Prusse, la Galicie occidentale,
avec Cracovie et Lublin, par l'Autriche. À l'issue de cet ultime partage,
l'État polonais disparut de la carte de l'Europe.
De nombreux patriotes polonais dispersés à travers l'Europe constituèrent les
«légions polonaises» qui jouèrent un grand rôle dans les guerres
napoléoniennes. Napoléon créa en 1807 le grand-duché de Varsovie (1807-1814)
avec les régions reprises à la Prusse (Mazovie, Gujavie, Posnanie), à l'issue
du traité de Tilsit (juillet 1807) et durant les campagnes d'Autriche (Galicie
occidentale, Cracovie, Lublin). Administré par le roi de Saxe Frédéric-Auguste
Ier, allié de Napoléon, celui-ci fut doté d'une constitution libérale inspirée
par le Code civil français. Les Polonais apportèrent massivement leur soutien à
la campagne de Russie (1812), menée par Napoléon. Poussés par l'espoir d'une
restauration complète de leur pays, près de 100000 d'entre eux rejoignirent la
Grande Armée, sous le commandement de Józef Poniatowski.
La Pologne sous domination étrangère
À la chute de l'Empire, le congrès de Vienne (1815) procéda à un quatrième
partage de la Pologne dont la Russie fut à nouveau la principale bénéficiaire.
La Prusse ne conserva que la Posnanie et la «Prusse occidentale» (Dantzig,
Thorn). L'Autriche obtint la Galicie et la Lodomérie, au sud de la Vistule, à
l'exception de Cracovie qui devint une cité-république indépendante. Tout le
reste de l'ancienne Pologne passa sous l'autorité du tsar Alexandre Ier. Tandis
que la Pologne orientale (Lituanie, Biélorussie, Ukraine) était intégrée à
l'Empire russe, la Pologne centrale devint un royaume sous tutelle de la
Russie. Elle avait pour roi le tsar mais possédait ses propres institutions.
AlexandreIer accorda au nouveau royaume une Constitution libérale en 1815.
La lutte contre l'oppression tsariste, menée par les nationalistes polonais,
déboucha sur un puissant mouvement d'indépendance qui aboutit le 29 novembre
1830 à une première insurrection armée. Les Polonais expulsèrent les autorités
impériales et proclamèrent leur indépendance en janvier 1831. Au cours de la
guerre qui s'ensuivit, les Polonais résistèrent aux Russes pendant plusieurs
mois. Le soulèvement fut violemment réprimé après les défaites des nationalistes
à Ostrolëka le 26 mai 1831 et la prise de Varsovie le 8 septembre.
La Russie soumit la Pologne à une politique de répression et de russification
et s'employa à détruire les bases de la nation polonaise. La Constitution, la
Diète et l'armée polonaises furent abolies, les Polonais privés de leurs
libertés individuelles. La fermeture des universités, la déportation des
étudiants en Russie, la persécution des catholiques poussèrent de nombreux
polonais à émigrer vers la Suisse, la Belgique et la France. Les manifestations
et les émeutes se multiplièrent, brutalement réprimées par les Russes.
Lors de l'insurrection de 1863, les Polonais, dépourvus d'armée, eurent recours
à la guérilla. Le gouvernement du tsar intensifia alors son programme de
russification. Le polonais fut interdit comme langue officielle et la langue
russe introduite dans les écoles. Les Russes s'attachèrent néanmoins au
développement économique du pays, notamment dans les secteurs miniers et
industriels (charbon, sidérurgie, textile). Parallèlement, en Pologne
prussienne, les Polonais furent soumis à une politique de germanisation après
l'insurrection de Poznan en 1848. La Pologne autrichienne, à laquelle était
venue s'ajouter Cracovie annexée en 1846, fut traitée de manière plus libérale
et réussit à se faire accorder un statut d'autonomie en 1861. De nombreux
Polonais luttant pour la renaissance de leur pays s'y réfugièrent.
L'insurrection fit place à la résistance légale. En 1908, le socialiste Józef
Pilsudski se réfugia en Galicie après l'échec de l'insurrection de Varsovie
(1905). La Première Guerre mondiale favorisa le mouvement d'indépendance.
En août 1914, à l'initiative de Pilsudski, des légions de volontaires polonais
se rallièrent aux côtés des Austro-Hongrois. En Pologne russe, par contre, le
chef des nationaux-démocrates, Roman Dmowski, hostile aux Empires centraux,
accorda son soutien au tsar. Un an plus tard, la Pologne russe était occupée
par les Austro-Allemands. Présidé par Roman Dmowski et Ignacy Paderewski,
favorables à la Triple-Entente, le Comité national polonais, installé à Paris
après l'effondrement de l'Empire russe en 1917, fut reconnu par les
gouvernements alliés. Lorsque l'Ukraine reçut des Empires centraux la région de
Chelm (février 1918), les soldats polonais combattant dans les rangs
austro-allemands se mirent à déserter. Leur chef, le général Józef Haller, se
réfugia en France. Il reçut le commandement en chef de l'armée de volontaires,
formée par le Comité national polonais, qui combattit sur le front français.
La Pologne indépendante
La défaite successive de toutes les puissances qui s'étaient partagé la Pologne
aboutit à la proclamation de la République indépendante de Pologne le 11
novembre 1918. Un premier gouvernement indépendant fut mis en place en janvier
1919. Józef Pilsudski fut élu chef de l'État et Paderewski président du
Conseil. Le traité de Versailles fixa les frontières occidentales de la
Pologne. Désireuse d'avoir un débouché maritime, celle-ci obtint la majeure
partie de la Prusse occidentale (le «corridor polonais») à l'exception
toutefois de Dantzig, dotée d'un statut de ville libre, ainsi que la Posnanie.
À l'est, la frontière polono-russe ne fut fixée qu'en mars 1921, par le traité
de Riga, à l'issue de la guerre polono-soviétique (1919-1920). La Pologne
annexait par ce traité une partie de la Biélorussie et de l'Ukraine. Ces
acquisitions furent complétées par la restitution de la haute Silésie avec
Katowice en 1921 et de toute la Galicie.
La Constitution de 1921 institua dans le pays un régime démocratique et
parlementaire. Pilsudski, hostile aux nationaux-démocrates, refusa la
présidence. La vie politique polonaise fut dès lors dominée par l'opposition
conflictuelle entre les nationaux-démocrates et les partisans de Pilsudski.
Devant l'instabilité gouvernementale qui en résulta, Pilsudski s'empara du
pouvoir par un coup d'État militaire les 12-14 mai 1926. Après avoir fait élire
Ignacy Moscicki à la présidence de la République, il exerça, en tant que
ministre de la Guerre, une véritable dictature jusqu'à sa mort en 1935. Le
régime autoritaire fut maintenu jusqu'en 1939 par Ignacy Moscicki et par le
général Edward Rydz-Smigly.
Durant l'entre-deux-guerres, la politique étrangère de la Pologne fut
déterminée par les craintes inspirées par ses deux puissants voisins,
l'Allemagne nationale-socialiste et l'URSS. Une alliance défensive fut conclue
avec la France en février 1921. D'autres alliances furent signées, notamment
avec la Roumanie et la Tchécoslovaquie. À partir de 1932, la Pologne changea de
politique et privilégia la voie d'une négociation directe, concluant un pacte
de non-agression avec l'URSS en 1932, puis avec l'Allemagne nazie en 1934.
Pourtant, la Pologne n'allait pas tarder à être victime de la politique
expansionniste d'Adolf Hitler. Après le démembrement de la Tchécoslovaquie et
l'entrée des Allemands à Prague (15 mars 1939), Hitler s'attaqua à la Pologne.
L'invasion de la Pologne et l'occupation allemande
À la fin de mars 1939, Hitler revendiqua la ville de Dantzig et un droit de
passage à travers le «corridor polonais». Le gouvernement polonais refusa. Le
28 avril, l'Allemagne déclara caduc le pacte de non-agression signé avec la
Pologne. La tension germano-polonaise alla dès lors en s'aggravant. Le
1erseptembre 1939, les troupes allemandes envahirent la Pologne, sans
déclaration de guerre, déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale. Surprise,
avant même d'avoir achevé sa mobilisation, par la «guerre éclair» (blitzkrieg),
pratiquée pour la première fois, l'armée polonaise, très inférieure en
potentiel militaire, fut écrasée malgré sa bravoure. Grâce à l'intervention
massive de ses chars et de son aviation, la Wehrmacht submergea en un peu plus
de deux semaines la Pologne occidentale. Le 17 septembre, les troupes soviétiques
attaquèrent la Pologne orientale.
En moins d'un mois, le 27 septembre 1939, la Pologne fut totalement occupée.
Près de 100000 Polonais se réfugièrent en Roumanie, en France (1939), puis à
Londres (1940) où furent reconstitués un gouvernement et une armée nationale.
Le pays fut une nouvelle fois partagé. L'Allemagne nazie établit sa domination
sur la Pologne occidentale, et l'URSS sur la Pologne orientale, partagée entre
les républiques de Biélorussie et d'Ukraine. Un régime soviétique y fut établi:
la population civile subit de nombreuses persécutions, victime de déportations
massives en Sibérie; de nombreux officiers de l'armée polonaise furent exécutés
à Katyn, massacre dont les Soviétiques cherchèrent à attribuer la
responsabilité aux Allemands.
En 1941, la Pologne soviétique fut à son tour occupée par les armées du IIIe
Reich. Le peuple polonais subit sous l'occupation nazie une politique
d'oppression et d'extermination systématique sans précédent. Selon les plans du
Fürher, le peuple slave polonais devait être réduit en esclavage au profit des
maîtres germaniques. Dès le mois d'octobre 1939, les Juifs furent enfermés dans
des ghettos (Varsovie, Lublin, Lódz). Le soulèvement du ghetto de Varsovie, en
avril-mai 1943, se termina par le massacre de sa population. Outre la
déportation de 2,5 millions de Polonais condamnés au travail forcé en
Allemagne, plus de 6 millions de Polonais périrent, dont plus de 3 millions de
Juifs. Beaucoup d'entre eux trouvèrent la mort dans des camps de concentration
et d'extermination installés sur le sol polonais (Auschwitz, Maïdanek).
La résistance polonaise, très organisée, était divisée en deux tendances.
L'une, antiallemande et antisoviétique, était soutenue par Londres. L'autre,
minoritaire, procommuniste, reçut l'aide de l'URSS. Après l'agression allemande
contre l'URSS, une nouvelle armée polonaise fut formée, avec l'accord du
gouvernement polonais en exil et de Staline, avec les prisonniers de guerre des
Soviétiques. Au cours de l'été 1944, les troupes soviétiques infligèrent une
série de défaites à l'armée allemande sur le front Est. L'Armée rouge, aidée de
contingents de soldats polonais, pénétra sur le territoire de la Pologne.
Le 1er août 1944, la résistance polonaise déclencha une insurrection à Varsovie
et s'empara de la ville. Les résistants ne reçurent aucune aide des
Soviétiques. Après deux mois d'une résistance acharnée, ils furent contraints
de capituler et de se rendre à la Wehrmacht (2 octobre 1944). Les Allemands
détruisirent systématiquement la ville après avoir déporté la population. Ce
qui restait de Varsovie fut occupé par l'armée soviétique à partir de janvier
1945. Celle-ci contrôla bientôt tout le territoire polonais. Les derniers
Allemands furent chassés du pays en mars 1945.
En juillet 1944, le gouvernement soviétique avait encouragé la création d'un
Comité polonais de libération nationale, composé principalement de communistes.
Installé à Lublin, il se proclama gouvernement provisoire de Pologne en
décembre 1944. En juin 1945, après la défaite allemande, une coalition organisa
un gouvernement polonais d'union nationale. Ce gouvernement fut officiellement
reconnu le mois suivant par les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui avaient
obtenu des Soviétiques la promesse d'élections libres lors de la conférence de
Yalta, au début de l'année 1945.
La République populaire de Pologne
Les frontières de la Pologne furent fixées par les conférences de Téhéran, de
Yalta (février 1945) et de Potsdam (août 1945), à la ligne Curzon à l'est
(limitant la Pologne aux territoires purement polonais) et à la ligne
Oder-Neisse à l'ouest. Au lendemain de la Libération, la Pologne renonça à
l'Ukraine et à la Biélorussie mais retrouva en revanche ses droits sur la
Silésie, la Poméranie et la Mazurie.
L'influence des communistes et des socialistes s'accrut dans les années 1946 et
1947. Au gouvernement d'Union nationale formé en juin 1945 succéda, après les
élections de janvier 1947 et avec plus de 80 p.100 des suffrages, un «bloc
démocratique» dirigé par le Parti socialiste et le Parti communiste (Parti
ouvrier polonais) de Wladyslaw Gomulka, partisan de l'établissement d'un régime
socialiste et désireux d'afficher son indépendance vis-à-vis de Staline. À
partir de septembre 1948, le Parti communiste polonais purgea ses rangs de
milliers de communistes dits nationaux et Gomulka fut révoqué de son poste de
secrétaire général du parti. La fusion des socialistes et des communistes
aboutit à la création du Parti ouvrier unifié polonais, dominé par les
communistes prostaliniens. La Pologne adopta dès lors un alignement strict sur
l'Union soviétique, à l'image de la Constitution de la république populaire de
Pologne, établie en 1952.
Les dirigeants communistes développèrent des objectifs industriels et
économiques en accord avec le système économique et social de l'URSS, priorité
étant donnée à l'industrie lourde. En revanche, les tentatives de
collectivisation de l'agriculture échouèrent et furent finalement abandonnées.
Lorsque le Vatican excommunia tous les communistes en 1949, le gouvernement
polonais s'en prit à l'Église catholique, très influente dans le pays
(nationalisation des biens de l'Église, arrestation des prêtres). En 1953, le
cardinal Stefan Wyszynski, archevêque de Varsovie et primat de Pologne, fut
arrêté puis assigné à résidence dans un monastère.
Membre du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM ou Comecon) depuis
1949, la Pologne adhéra au pacte de Varsovie en 1955. Lors de la détente qui
suivit la mort de Joseph Staline en 1953, les artistes, les intellectuels, les
étudiants et les ouvriers polonais exigèrent des réformes gouvernementales et
une plus grande liberté vis-à-vis de l'URSS. Le mécontentement croissant de la
majorité catholique, après l'arrestation du cardinal Wyszynski, et de la classe
ouvrière et paysanne aboutit en juin 1956 aux émeutes de Poznan. Près de 50000
ouvriers revendiquèrent une amélioration des conditions de vie, l'organisation
d'élections libres et le départ des troupes soviétiques. La répression fit 53
morts et plusieurs centaines de blessés. Ces émeutes entraînèrent le retour de
Gomulka en tant que premier secrétaire du Parti communiste. Gomulka commença
par mettre en place une politique de détente: libération du cardinal Wyszynski,
suppression des coopératives agricoles, assouplissement de la censure de la
presse. Ce mouvement de libéralisation du régime, connu sous le nom d'«Octobre
polonais», prit fin dès 1958, lorsque que Gomulka, inquiet, opta pour un
raidissement de sa politique. Le régime se durcit encore davantage en 1968, lors
du printemps de Prague, en Tchécoslovaquie, dont les dirigeants polonais
craignaient les répercussions en Pologne. Des manifestations étudiantes furent
réprimées et, en août 1968, des troupes polonaises participèrent à
l'intervention du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie.
À partir de 1969, la Pologne et l'Allemagne de l'Ouest entreprirent de
normaliser leurs relations, dans le cadre de l'Ostpolitik menée par le
chancelier allemand Willy Brandt. Celui-ci reconnut officiellement la ligne
Oder-Neisse comme frontière occidentale de la Pologne (traité germano-polonais,
novembre 1970). En contrepartie, le gouvernement de Bonn reçut l'assurance que
les résidents polonais de nationalité allemande aspirant à émigrer en Allemagne
fédérale seraient autorisés à quitter la Pologne.
De nouveaux troubles secouèrent la Pologne à la fin de l'année 1970. La crise
économique et sociale atteignait alors des proportions inquiétantes. Une forte
hausse des prix provoqua de violentes émeutes à Gdansk et Szczecin. L'état d'urgence
fut déclaré pendant une semaine et les manifestations furent sévèrement
réprimées. Gomulka fut contraint de démissionner. Edward Gierek lui succéda à
la tête du Parti communiste et entreprit une politique réformatrice. Il adopta
des mesures sociales populaires (hausse des salaires, réduction du temps de
travail, blocage des prix, construction de nouveaux logements) et engagea
d'importantes réformes économiques. Mais, en 1976, une nouvelle hausse des prix
alimentaires entraîna encore une grave crise. Gierek dut recourir à la force
pour réprimer les grèves et les manifestations ouvrières. L'opposition commença
à se développer.
En 1978, l'élection du pape Jean-Paul II encouragea les aspirations des
Polonais à la liberté intellectuelle et politique. Le niveau de vie continuait
à se détériorer et un vaste mouvement de protestation ouvrière se développa
durant l'été 1980. Des centaines de milliers d'ouvriers se mirent en grève et
paralysèrent le pays. À Gdansk, Lech Walësa, un électricien des chantiers navals,
et 17000 ouvriers occupèrent leur lieu de travail pendant trois semaines et
commencèrent à émettre des revendications politiques. Gierek décida de
négocier. Les autorités communistes furent obligées de faire des concessions
sans précédent et le 31 août furent signés les accords de Gdansk. Les grévistes
obtinrent la création de syndicats indépendants, le droit de grève, des
augmentations de salaire, la libération des prisonniers politiques et un
assouplissement de la censure.
À la suite des accords de Gdansk, le syndicat indépendant Solidarnoßç
(Solidarité), fort de dix millions d'adhérents, fut créé avec, à sa tête, Lech
Walësa. Gierek fut remplacé à la tête du Parti communiste par Stanislaw Kania.
La confrontation entre Solidarnoßç et le Parti communiste se développa dans un
contexte de déclin économique et de mécontentement social. Devant les
revendications de Solidarnoßç, appuyées par des manifestations nombreuses et
par l'Église catholique, extrêmement influente, le Parti communiste sembla
désemparé. En 1981, les Soviétiques firent peser des menaces d'interventions
militaires. En février 1981, le général Wojciech Jaruzelski remplaça Kania à la
tête du parti. En décembre 1981, l'«état de guerre» fut proclamé, Solidarnoßç
dissout, Lech Walësa et plusieurs milliers d'activistes furent arrêtés. Toute
opposition fut réprimée. Le parti procéda au limogeage des communistes
réformistes.
Walësa fut libéré en novembre 1982, puis l'état de guerre suspendu en juillet
1983. Manifestations et arrestations se multiplièrent. Solidarnoßç devint un
mouvement d'opposition clandestin, soutenu par la puissante Église catholique.
C'est dans ce climat que survint en octobre 1984 l'affaire, compromettante pour
l'image du régime, du père Jerzy Popieluszco, enlevé, torturé et assassiné par
la police politique. Le régime Jaruzelski perdit peu à peu la maîtrise de la
situation et tenta d'introduire des réformes économiques. En 1988, des grèves
se multiplièrent pour protester contre la hausse des prix et pour réclamer la
légalisation du syndicat Solidarnoßç. L'impasse politique et économique à
laquelle était arrivée la Pologne à la fin des années 1980 fut résolue par la
glasnost et la perestroïka de Mikhaïl Gorbachev: les réformes devenaient
possibles.
La Pologne démocratique
Des négociations entre le pouvoir constitué des communistes réformistes de
Jaruzelski et l'opposition incarnée par le Comité civique de Walësa aboutirent
au rétablissement du pluralisme syndical en 1989 et à la démocratisation des
institutions. Les libertés civiques et politiques furent accordées, Solidarnoßç
fut légalisé et un Sénat librement élu institué. Aux élections de juin 1989,
l'opposition remporta un très large succès. Le nouveau Parlement élut le
général Jaruzelski à la présidence de la République. En août fut nommé un
Premier ministre non communiste, Tadeusz Mazowiecki, un des dirigeants de
Solidarnoßç. Il forma un gouvernement de coalition. Le rôle dirigeant du Parti
communiste fut aboli. En 1990, la première élection présidentielle au suffrage
universel donna la victoire à Lech Walësa. Mais la double candidature de Walësa
et de Mazowiecki provoqua l'éclatement de Solidarnoßç. Déchirée entre ses rôles
politiques et syndicaux, Solidarnoßç perdit beaucoup de son influence et ne
comptait plus que 2,3 millions d'adhérents au début des années 1990. Le pays
reprit officiellement le nom de république de Pologne (décembre 1990).
Mazowiecki démantela le système communiste et consolida la transition vers la
démocratie. Son ministre des finances, Leszek Balcerowicz, maîtrisa
l'hyperinflation et entreprit une rapide transition vers une économie de
marché. La pleine souveraineté nationale fut rétablie avec le retrait de la
plupart des garnisons soviétiques de Pologne en 1992-1993. En 1994, la Pologne
fit une demande d'adhésion à l'Union européenne.
La Pologne postcommuniste pâtit d'un processus politique confus, instable et
conflictuel. Les premières élections législatives entièrement libres de 1991 ne
permirent pas de dégager une majorité parlementaire. Une trentaine de partis
furent représentés à la Diète. Celle-ci fut dissoute en 1993. Les élections de
septembre 1993 simplifièrent la représentation électorale en la limitant aux
partis ayant obtenu au moins 5 p.100 des suffrages. Elles virent le succès de
la gauche ex-communiste qui bénéficia du mécontentement populaire provoqué par
le coût socio-économique des réformes. Waldemar Pawlak, chef du Parti paysan
polonais (PSL), devint Premier ministre. Mais au terme d'une crise politique
qui l'opposa au président Walësa, il dut démissionner. Józef Olesky, membre du
SLD, lui succéda en mars 1995. En avril, Walësa annonça sa candidature
officielle pour les élections présidentielles de novembre 1995. Il fut battu
par Aleksander Kwasniewski, un ancien communiste.
965 avant JC : un marchand espagnol témoigne de l'existence d'un centre de commerce florissant.
990: Le royaume de Pologne naît sous la dynastie des Piasts, convertis au Christianisme.
999: Cracovie est intégrée au royaume des Piasts.
1038: Cracovie devient capitale du royaume.
1241: La ville est détruite par les Mongols.
1320: Premier couronnement d'un roi (Wladisław Ier le court) dans la cathédrale du château (Wawel)
1335: Casimir le Grand fonde la ville de Kazimierz, qui deviendra la ville juive à partir de 1495.
1364: Casimir le Grand fonde l'université de Cracovie (K de Kazimierz, visible sur la porte de la cathedrale du château royal de Wawel) . Encore actuellement, l'université (nommée Jagellon par la suite) fait de Cracovie la capitale étudiante de la Pologne.
http://cracovia.free.fr/cracovie/kezako/histoire/
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Aujoud'hui le Château Royal du Wawel est
un musée qui a le caractère de résidence historique. Il possède quelques
sections spécifiques et deux départements en dehors de Cracovie: l'un le
château renaissance de Pieskowa Skala
avec une exposition présentant l'art européen du XVe au XIXe
s., et l'autre le manoir de Stryszów,
l'exemple typique d'une modeste résidence polonaise campagnarde, situé dans
un beau paysage au pied de la montagne. Son exposition permanente montre un
intérieur propre au XIXe s. Dans le manoir on organise aussi des
expositions temporaires |